Le 5 décembre 2008, peu après minuit, le rival dépose sa maîtresse devant la gendarmerie. Ludovic Requis est là, en faction dans sa voiture. Il prend en chasse l’amant dans les rues de Chaumont et tire à onze reprises en sa direction avec son arme de service, un Sig Sauer® 9 mm. « Par miracle », selon l’expert balistique, aucune balle n’a atteint la cible visée. L’amant est sain et sauf.
« Un bon mari, un bon père. Trop bon même. »
Tout au long de cette deuxième journée, les témoins se sont succédé à la barre. Les supérieurs hiérarchiques de Chaumont qui dressent un portrait élogieux du capitaine Requis. L’amant, un « célibataire géographique » qui déclare avoir pardonné à l’accusé. « Son geste, ce n’est pas à moi de le juger. »Les paroles de l’ex-épouse qui reconnaît « qu’elle a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. C’était un bon mari, un bon père. Trop bon même. » L’accusé narre des événements qui l’ont bouleversé et fait sombrer dans une dépression.
De l’incompréhension, du manque d’humanité de ses supérieurs hiérarchiques. Alors qu’il commandait, à Paris, une compagnie de la garde républicaine, une de ses gendarmes s’est suicidée d’une balle dans la tête dans son appartement. Ludovic Requis rapporte, la voix tremblante de chagrin, que son supérieur lui a demandé de désigner trois de ses hommes pour nettoyer l’appartement. « Je n’ai pas pu donner un tel ordre. Avec un collègue, nous avons ramassé les morceaux de cervelle et d’os. Nous avons lavé les murs. »
Et puis, il y a eu le témoignage du frère cadet. Un témoignage fort, de près d’une demi-heure. « Je ne souhaite à personne de vivre un tel état de détresse psychologique. » Il narre une chronique de leur enfance, leur complicité, du soutien de cet aîné dans les moments difficiles. Des paroles touchantes, une analyse des faits. Une cour, des jurés, un avocat général, suspendus aux lèvres du jeune frère debout à la barre. Les larmes de la maman. Les sanglots du papa. Tous deux assis au premier rang.
L’avocat de Ludovic Requis, Me Joseph Cohen-Sabban, se lève, enlève ses lunettes et s’adresse au frère : « Si un jour, ce qu’à Dieu ne plaise, je devais commettre un fait criminel, j’aimerais avoir un frère qui vienne parler comme vous l’avez fait. » L’avocat se tourne vers son client : « Votre femme, vous l’aimez encore ? » « Non, depuis peu », chuchote l’ancien militaire.
Le verdict de la cour d’assises des Vosges est attendu en fin de journée. Pour ces faits Ludovic Requis encourait la réclusion à perpétuité. En appel, la condamnation ne peut être supérieure aux dix années demandées par la juridiction de Meurthe-et-Moselle, en mars 2012. L’ex-gendarme a déjà été incarcéré six mois et quatre jours. Depuis mercredi, il comparait libre dans le box des accusés, sous contrôle judiciaire.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/11/08/le-temoignage-d-un-frere
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