mardi 26 novembre 2013

L'affaire des "tournantes" de Fontenay-sous-Bois de retour devant la justice

Près de quinze ans après les faits et un an après un verdict jugé trop clément, huit hommes poursuivis dans l'affaire des "tournantes" de Fontenay-sous-Bois comparaissent en appel à partir de ce mardi devant les assises des mineurs de l'Essonne.

A l'automne 2012 en première instance, ils étaient quatorze jugés pour viols en réunion dans des cités de Fontenay-sous-Bois, dans le Val-de-Marne, entre 1999 et 2001 sur deux adolescentes, Aurélie et Nina, 15 et 16 ans au moment des  faits. Des faits dévoilés en 2005 seulement par Nina à la police, qui allait découvrir le cas d'Aurélie au cours des investigations. Un long silence motivé par la peur de représailles. A l'issue de plus de trois semaines de débats sous haute tension à huis clos, la cour d'assises du Val-de-Marne ne reconnaissait les viols que sur Nina, pas sur Aurélie. Et prononçait dix acquittements et quatre condamnations,  deux à cinq ans de réclusion dont quatre avec sursis, une à cinq ans dont  quatre ans et demi avec sursis et la dernière à trois ans avec sursis.
Colère des avocats et des associations. Un verdict qui avait provoqué colère et indignation des associations féministes. "Scandalisée", Osez le féminisme l'assimilait à "un permis de violer". Pour le Collectif national pour les droits des femmes, il témoignait "de l'incapacité de la justice à prendre en compte les récits des victimes de viols". "Un naufrage judiciaire pour les femmes", avait résumé une des avocates des plaignantes, Me Clotilde Lepetit. Le ministère public avait décidé de faire appel. "Le verdict est trop éloigné du réquisitoire de l'avocate générale" et "ne correspond pas au déroulement des crimes et à leur appréciation", avait estimé la procureure de Créteil. Parmi les accusés renvoyés devant la justice, tous trentenaires, figurent les quatre condamnés et quatre hommes acquittés pour lesquels l'accusation avait requis des condamnations.
"Nina n'est pas dans un processus de vengeance mais de reconnaissance. Elle  n'attend pas la lourdeur des peines mais qu'on entende sa voix, qu'on la croie,  a insisté son avocat, Me Léon-Lef Forster. Elle souhaite qu'on prenne en considération la destruction qu'elle a subie, que les accusés puissent ressentir la douleur qu'elle continue à vivre." A 30 ans désormais, "c'est une jeune femme dans un état effrayant", qui doit "réapprendre à communiquer, essayer de récupérer son corps qu'elle rejetait elle-même". "On fait en sorte qu'elle essaie de pouvoir se confronter au vécu du procès dans les meilleures conditions. En première instance, c'était très lourd pour elle", a rappelé Me Forster. Quant à Aurélie, "elle s'interroge encore sur sa présence", guidée par la volonté de "se protéger", selon son entourage.
A voir aussi : Le témoignage de Nina lors du 1er procès "Ils ont pourri ma vie"
Risque de huis-clos. Car le premier procès s'était transformé en épreuve pour les deux jeunes femmes, qui avaient eu le sentiment de glisser du rang de victimes à celui d'accusées. Dans le huis clos des assises, elles avaient dû affronter le questionnement incisif de la défense, qui cherchait à faire vaciller leur témoignage sur des faits vieux de plus de dix ans. Aurélie avait été hospitalisée une dizaine de jours, après une tentative de suicide. Nina, elle, quittait régulièrement l'audience en pleurs. Face à elles, les accusés avaient nié les viols tout au long du procès. Prévu pour durer trois semaines, jusqu'au 13 décembre, ce procès en appel pourrait à nouveau se dérouler à huis clos, sept des huit accusés étant mineurs au moment des faits.
 

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