lundi 11 novembre 2013

NANCY : CABALE À LA MATERNITÉ ?

Les éloges pleuvent. « Un médecin gentil, serviable, honnête, qui a rendu et qui rend service à tout le monde à la maternité régionale de Nancy », dit une de ses consœurs gynécologue. « Compétent, consciencieux, à l’écoute des patients et à qui nous confions les cas les plus difficiles quand nous sommes en bout de course. Sans doute le meilleur d’entre nous », ajoute une autre. Ses états de service parlent et plaident pour lui. Depuis qu’Aurélio Barbarino est arrivé à la maternité de Nancy, il y a 22 ans, il a réalisé soixante-trois innovations ou premières chirurgicales, ou pathologies obstétricales complexes ou conduites obstétricales inédites. Alors quand l’ensemble des personnels de la maternité apprend qu’il a été suspendu, une onde d’incompréhension se répand dans et au-delà de l’établissement. Si le gynécologue se refuse au moindre commentaire, de nombreux soutiens parlent d’une « cabale ». Il lui serait en effet reproché de n’avoir pas porté secours à une patiente de la maternité dont le pronostic vital était engagé. C’est en tout cas l’un des trois dossiers qui auraient été constitués à son encontre. Ces faits se seraient produits le 1er mars. Depuis, une véritable machine à broyer a été lancée contre lui. L’éminent et respecté gynécologue a dû comparaître devant une commission médicale. Ses conclusions, selon des proches du dossier, n’ont pas permis d’établir une faute de sa part. Pour autant, la suspension a été maintenue et même reconduite une fois pour être toujours en vigueur jusqu’à fin novembre.
Face à ce que certains qualifient de véritable « coup tordu » ou « coup monté », des pétitions circulent. Près de 120 médecins, anesthésistes, sages-femmes et infirmières en ont signé une. Le personnel du bloc opératoire en a signé une autre. Des patients soignés par le médecin ont également pris leur plume. Au niveau du CHU (qui doit reprendre sous sa coupe la maternité au 1er janvier 2014), des spécialistes qui ont collaboré et/ou cherché à instaurer une convention avec la maternité uniquement dans le but de pouvoir travailler avec Aurélio Barbarino, sensibilisent leur direction.
Enquête du commissariat et dépôt de plaintes
L’affaire a pris une telle envergure qu’une « procédure administrative est en cours. Elle est diligentée par le centre national de gestion des praticiens hospitaliers », déclare Jérôme Goeminne, le directeur de la maternité régionale de Nancy, qui a ce titre se refuse de commenter la suspension qu’il a signée. Nous avons tenté d’interroger le directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) Lorraine, Claude d’Harcourt. Ses services nous ont fait savoir que l’ARS ne souhaitait pas s‘exprimer « dans le cadre de cette affaire car une inspection est en cours dont le terme n’est pas connu ».
Le procureur du TGI de Nancy, Thomas Pison, confirme en revanche qu’une « enquête judiciaire est ouverte. Elle a été confiée au commissariat de Nancy ». Il reconnaît également que le conseil d’Aurélio Barbarino, Me Claude Bourgaux, a déposé et continue de déposer « des plaintes en lien avec les soucis administratifs de son client à la maternité ». Des plaintes diverses pour harcèlement, fausses déclarations… visant à la fois l’établissement hospitalier mais aussi d’autres médecins qui seraient à l’origine des tourments du gynécologue.
L’avocat qui se limite à répondre que « Nancy a la chance d’avoir un médecin exceptionnel, exceptionnellement compétent et qui draine à la maternité des patients de tout l’Est de la France », aurait en possession des éléments démontrant qu’Aurélio Barbarino n’est en rien fautif dans les événements survenus le 1er mars. Il aurait pris son service ce jour-là à 17 h, aurait été appelé à 17 h 35 pour s’occuper de la patiente, laquelle attendait depuis 15 h 35 l’intervention d’un spécialiste, soit 1 h 30 avant qu’Aurélio Barbarino ne prenne son travail. Voilà pourquoi de nombreux médecins parlent de « coup tordu ». Quant au motif, tous le lient à sa candidature pour devenir chef de pôle. C’était en janvier 2012. Quelques semaines avant sa suspension. Y a-t-il une relation de cause à effet ? Aux enquêtes administrative et judiciaire de le démontrer, ou non.

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/11/11/nancy-cabale-a-la-maternite-pqxo

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