vendredi 29 novembre 2013

Port Saint-Louis-du-Rhône : il avait tenté de tuer sa fille pour blesser son ex-femme

Ce jour-là, chaque gorgée de bière l'aidait à franchir un pas de plus vers l'irréparable. "Il a bu pour être moins sensible au fait qu'il allait faire du mal à son enfant" analysait hier matin, à l'ouverture du procès, le docteur Michel de Laburthe, expert psychologue. Stacy était "sa gâtée", mais aussi celle de ses filles qui avait le moins fort caractère. "Surtout celle qui l'adulait et qui n'aurait jamais pensé qu'il pouvait faire cela" assurait une tante.
Pourtant c'est un véritable traquenard qu'il lui a tendu : Stacy grimpe sur son vélo pour aller chercher du pain. Il est 18 h 30. Elle reviendra, comme de retour de l'enfer sur Terre, deux heures plus tard, le visage maculé de sang, de profondes traces de strangulation inscrites au cou. Avant qu'elle parte faire sa commission, son père lui a demandé par téléphone un service : aller chercher un (énigmatique) sac à dos caché derrière des pierres dont elle connaît l'emplacement. Mais à cet endroit, rien. Sauf Jean-Pierre, au loin. "Mais pourquoi as-tu dit à ta mère que tu allais chercher mon sac ?" peste-t-il, en s'approchant, avant de l'inviter plus calmement à aller voir chevaux et poules dans un champ du lieu-dit "les terrains du château d'eau". Stacy ne le sait pas mais c'est un homme blessé, un homme abandonné, exclu de sa famille, quelques mois auparavant par son épouse, qu'elle suit aveuglément. Une séparation qui est venue en écho mortifère à ce premier abandon, quand il avait 5 ans, dans un foyer. Une cicatrice jamais refermée. "Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça, sûrement par vengeance" susurre-t-il depuis le box des accusés, gueule patibulaire, cheveux gras plaqués sur le côté, et pull rayé. "Stacy était un otage de leurs problèmes conjugaux, elle n'était qu'un objet à ce moment-là, estime le psychiatre, Jean Naudin, ce genre de personnes hait d'être abandonnées, mais en même temps elles créent les conditions pour l'être. Il est important que la peine marque sa responsabilité, en même temps je crois qu'il est en capacité de s'interroger réellement sur le sens de ce qu'il a fait". Le docteur de Laburthe dira l'exact inverse : "Durant nos entretiens, il n'a pas cessé de se placer en victime, de dire que c'est lui qui a été exclu de la famille. Il peut être extrêmement dangereux parce qu'il a agi dans une psychose froide. Il n'est pas fou ; au contraire, il commet des actes de folie en toute conscience".
Alors qu'il venait de défaire les deux tours de corde autour du cou de sa fille, qui venait de sombrer dans l'inconscience, Jean-Pierre Ojéda l'a traînée et laissée inerte dans un cabanon -- "je pensais qu'elle allait mourir" confiera-t-il aux enquêteurs -- avant de filer en gare d'Arles, d'y passer plusieurs coups de fil, de tenter de se créer de toutes pièces un mobile. La force de sa fille et les moyens techniques de la police le confondront. "Le pire c'est qu'il a d'abord inventé que sa femme, qui soit disant n'en pouvait plus de l'attitude de sa fille à la maison, lui avait demandé de la tuer ! Il en faisait une collaboratrice voire un commanditaire, et cette perversion-là, même à 70 ans, je ne l'ai jamais vu !" percutait à la barre le docteur de Laburthe.
Ce matin, les enfants, et surtout Stacy, seront entendus. Le verdict est attendu dans la soirée. Jean-Pierre Ojéda encourt 30 ans de réclusion criminelle.
http://www.laprovence.com/article/actualites/2644355/port-saint-louis-du-rhone-il-avait-tente-de-tuer-sa-fille-pour-blesser-son-ex-femme.html

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