jeudi 26 décembre 2013

Accident ou funeste vengeance ?

Les jurés de la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle examineront un terrible drame, à la fin du mois de janvier. Ils auront à se pencher sur le décès de 4 enfants, âgés de 2 à 7 ans, dans un incendie d’appartement survenu le 24 juin 2009, au Haut-du-Lièvre, à Nancy.
Dans le box, leur père, Lombo Mundeke, 57 ans, répondra d’homicides volontaires sur mineurs.
La justice soupçonne cet ancien officier de sécurité du président Mobutu, arrivé en France en 2000 d’avoir orchestré ce noir dessein par esprit de vengeance, afin de faire souffrir sa femme. Une hypothèse partagée par l’intéressée. Le matin des faits, elle était justement à l’OPAC, en vue de signer un contrat de bail. En instance de séparation, elle était sur le point d’emménager dans un nouvel appartement avec les quatre enfants du couple et sa nièce. Il était prévu que le père, lui, garde ses trois aînés, nés d’une précédente union.
La maman des quatre petits a, dès le début, nourrit des suspicions à l’égard de son mari. Agressif et violent selon elle. Des traits de personnalité encore aiguisés depuis un AVC, survenu quelque temps plus tôt. Pour elle, il s’agissait d’une vengeance ou d’une tentative de « suicide collective », qu’il n’aurait finalement pas eu le courage de mener à bout pour ce qui le concernait. Elle pointait alors une tradition congolaise selon laquelle les hommes quittés par leur femme se suicideraient par le feu avec leurs enfants.
Lombo Mundeke, mis en examen et écroué, plus d’un an après le drame, a toujours nié une quelconque responsabilité. Pour lui, l’incendie est accidentel, et provoqué par les petits, turbulents à son goût.
Mais ses déclarations ont fluctué. Et certains détails ne collent pas aux yeux du juge qui a instruit le dossier. À l’arrivée des secours, notamment, Lombo Mundeke, qui gisait sur le sol de la cuisine, n’aurait pas immédiatement prévenu les pompiers de la présence d’enfants dans l’appartement… Les petits, tous quatre couchés sur un matelas, étaient enfermés dans leur chambre verrouillée. Troublant également, la seule boite d’allumettes de la maison a été retrouvée sur un buffet à 1,85 m de hauteur…
L’absence d’éléments matériels à charge
Et puis Lombo Mundeke a longtemps menti à la police concernant la situation de son couple. Mis devant ses contradictions, il a fini par admettre être informé de la volonté de son épouse, une ex-religieuse, de le quitter. Mais s’en est tiré par une pirouette, expliquant qu’il y avait d’autres femmes, qu’il avait justement entrepris des démarches pour en faire venir une autre.
Le dossier comporte des faiblesses : l’absence d’éléments matériels à charge. La cour d’assises, présidée par Jean-François Redonnet, aura quatre jours, les 28,29,30 et 31 janvier, pour se forger une intime conviction.
Me Annie Lévi-Cyferman sera à la défense de Lombo Mundeke.
Les intérêts des parties civiles, la maman des petites victimes et sa nièce, seront soutenus par Me Virginie Barbosa.

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/12/26/accident-ou-funeste-vengeance

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