Sobre, limpide, sans note au fil d’un exposé long d’une heure et demie, le capitaine Chouin remonte la trace de Karima Benhellal. Saisis deux ans après la disparition de l’intéressée, les enquêteurs ont une marge de manœuvre limitée : impossible de s’appuyer sur des relevés d’appels téléphoniques toujours instructifs ou encore de mettre la main sur la R21 qui a servi au voyage. Propriété de la disparue entre-temps cédée par Karbal Dandouni, elle a été réduite en pièces détachées…
- Hôpitaux psychiatriques
Restent les conditions d’un départ précipité au Maroc avec Karbal Dandouni, l’arrivée de celui-ci au domicile parental, à Casablanca, seul, « de nuit, en toute discrétion, sans appel préalable », relève le capitaine Chouin. Versés aussi au passif de l’accusé, les retraits sur le compte bancaire de la disparue, soit 875 euros, jusqu’au 4 août. Et puis plus rien, découvert oblige. « Curiosité », se permet l’enquêteur: le jour même, Karbal Dandouni retire à nouveau de l’argent sur son propre compte.
Il y a aussi, pièce maîtresse de l’accusation, la fiche de passage transfrontière établie au nom de Karima Benhellal lors du voyage retour, à Tanger, le 24 août. « A son étude, nous avons remarqué que certaines rubriques étaient curieusement remplies », relève le capitaine Chouin. « Secriteuse », peut-on notamment y lire, pour secrétaire : « un français approximatif » qui ne colle guère au profil de l’intéressée, aide-documentaliste au lycée angoumoisin Guez-de-Balzac. Le capitaine Chouin poursuit, de tête, expertises graphologiques à l’appui : « La ligne 1 à 7 est écrite par Karbal Dandouni, la ligne 8 à 14 par Rabia », notoire seconde épouse. Ainsi Karbal Dandouni aurait-il interverti ses deux femmes au retour, profitant d’un passeport falsifié ou, a minima, d’un instant d’inattention des douaniers marocains.
- « Légèreté » des douaniers
Interrogée dans la matinée, Rachel, 31 ans, prompt à louer un Karbal Dandouni « agréable, très gentil », avec lequel elle a entretenu une liaison pendant « onze ans », n’en lézarde pas moins l’édifice de la défense. Domicilié au rez-de-chaussée d’un immeuble du Champ-de-Manoeuvre, Karbal Dandouni était le voisin de la mère de Rachel. Celle-ci est tombée sur lui à son retour de voyage : « Dans la voiture, il y avait monsieur Dandouni, sa femme actuelle, et un enfant ». Priée de préciser les circonstances de la scène, elle assure : « Il était parti au Maroc et revenait du Maroc. »
http://www.sudouest.fr/2013/12/11/dans-les-morgues-de-casa-1255925-823.php
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