mercredi 4 décembre 2013

Procès du ferrailleur à Montpellier : "Un tir accidentel est à exclure"


12 h : "Les plaintes ça amène à rien"
Le ton monte lors des débats et une altercation éclate entre l'accusé et Me Jean-Robert Phung, partie civile.
"Vous parlez d'un premier vol, pourquoi n'avez-vous pas déposé plainte ?", questionne l'avocat.
"J'attendais de les attraper, je savais que je les attraperai... Les plaintes ça amène à rien, ils m'ont tout volé".
La partie civile s'attarde ensuite sur le coup de feu mortel. Jean-Marius Chanet s'agace et maintient que la victime et ses fils venaient le voler : "Si vous n'avez rien à vous reprocher, si je tire un coup de fusil dans la voiture et que je dis que je vais appeler les gendarmes, vous attendez les gendarmes, ils ont tout fait pour partir !".
"Ils voulaient sauver leur peau !" le coupe un des membres de la famille présent dans la salle. 
Me Phung reprend l'interrogatoire et insiste vivement sur le coup de fusil. Jusqu'à excéder le ferrailleur qui s'emporte :
"Pourquoi vous êtes agressifs comme ça ? hurle-t-il avant de s'emballer, en évoquant
l'affaire Gleize, son ami
qui avait été tué dans sa casse automobile en août 2008
. "Ils l'ont torturé, ficelé, arrosé d'essence mon copain ! C'est
une honte !" lance-t-il en éclatant en sanglots.

"Calmez-vous ! L'affaire Gleize n'a rien à voir !" intervient le président Cayrol qui suspend les débats. 
13 h : "On était venu chercher des asperges, il a tué mon père"
C'est au tour d'un des deux fils de Vincent Chardelain, la victime, d'évoquer le 26 mai 2009, lorsque Jean-Marius Chanet arrive vers leur voiture avec un fusil. Il a assisté à toute la scène. François, 30 ans, s'avance à la barre, incapable de retenir ses sanglots et ses larmes.
"J'ai pas compris pourquoi il a fait ça... On n'avait rien fait... Il a tué mon père devant moi et mon frère, voilà ! J'ai pas compris...
On lui a dit regardez dans la voiture si on a pris quelque chose, on n'avait rien pris ! On était venus ramasser quelques asperges,
on a vu que c'était sec, on a décidé de partir".

Sur les circonstances du drame, il livre une version aux antipodes de celle avancée par l'accusé. 
"Il a dit : "Descendez de la voiture ou je tue", méchant, il nous a toujours tenu braqué... Il a tiré un coup de feu dans la malle, il a rechargé et il a dit à mon père : "Je vais te tuer". Il s'est abaissé et il a tiré !". 
"Il faut bien que quelqu'un pose la question : étiez-vous là pour voler le cuivre ?" interroge le président de la cour.
"Non, on est des ferrailleurs, on vit de ça c'est vrai, mais à aucun moment on n'a voulu voler quelque chose".
L'avocat général intervient : "Si vous n'aviez rien à vous reprocher, pourquoi vouliez-vous absolument partir ?".
"Il arrive à fond en courant avec le chien et avec le fusil...", répond le fils du défunt.
Me Chabert, l'avocat de Chanet, interroge à son tour la partie civile, rappelant qu'il venait de sortir de prison pour braquage.
"Vous persistez à dire que vous êtes venus chercher des asperges depuis Béziers ? Et que vous n'avez pas remarqué la ferraille qu'il y avait partout ?"
"Non, j'ai pas vu la ferraille, on était en dehors de la propriété".
"Par deux fois dans vos déclarations, vous avez dit que votre père avait touché le fusil ?", poursuit l'avocat de l'accusé.
"Non, à aucun moment il a touché le fusil".
15h30 Témoignage de la fille de l'accusé
La fille de l'accusé Jean-Marius Chanet intervient à son tour à la barre. Elle était présente à la propriété de Poussan le jour du drame, le 26 mai 2009. "Je n'oublierai jamais l'émotion et le chagrin des enfants de Monsieur Chardelain... Papa c'est quelqu'un de bien a qui il est arrivé quelque chose de mal, c'est quelqu'un qui a toujours porté secours aux autres. Ce jour là, je l'ai entendu entrer dans la maison, il était paniqué, il criait, je l'ai vu prendre un fusil, il m'a dit "toi tu ne viens pas", j'ai cru que c'était un renard qui mangeait ses poules. Il a eu peur, je sais pas pourquoi... Mais il est pas parti dans l'intention de tuer... Quand je suis arrivée, il avait le fusil en main, il m'a dit : "sur ce fusil, il y a les empreintes dessus, c'est ma liberté, je peux pas le lâcher".  En apercevant la victime, elle a accouru et tenté de secourir la victime. Sans succès. Et le face à face avec les deux enfants de Vincent Chardelain a été tendu. "Ils m'ont dit : "ton père a tué le mien, on tuera le tien" raconte la jeune femme.
"C'est normal !" lancent deux personnes depuis le banc des parties civiles. 
17h27 "Il a rien dit, il a tiré..."
Le fils cadet de la victime, qui n'était âgé que de 13 ans au moment des faits, est appelé à la barre. Tétanisé et encore très traumatisé par la mort de son père, sous ses yeux, il peine à s'exprimer. "C'est très dur à expliquer ce qu'il s'est passé... J'y arrive pas...Ce qui s'est passé, c'est qu'on cherchait des asperges, on l'a pas vu arriver et il est arrivé avec son chien et son fusil, il a rien dit, il a tiré une première fois dans le coffre... Il m'a fait voir sa cartouche avant de recharger son fusil". Le jeune homme, très marqué, affirme que son père n'a pas touché le fusil comme le dit l'accusé.
"Lors de votre première audition, vous aviez dit le contraire" lui fait remarquer Me Chabert, l'avocat de Jean-Marius Chanet.

18h30 "Un tir accidentel est à exclure"
Le médecin légiste Laurent Boismenu évoque maintenant les blessures de la victime, mortellement touchée au cou par la cartouche de chevrotine. Surtout, ses conclusions vont à l'encontre de la thèse livrée par l'accusé Jean-Marius Chanet.
"Un tir accidentel est à exclure, un tir avec une lutte acharnée est à exclure, la distance de tir ne correspondant pas". L'expert balisticien Alain Artuso livre les mêmes conclusions. Et confirme aussi qu'un tir "arme à l'épaule", comme l'avait suggéré les fils du défunt n'est " pas compatible" non plus. L'enquêtrice de personnalité doit maintenant évoquer le parcours de la victime, un gitan sédentarisé dans l'Hérault. L'audience se poursuivra ensuite mercredi avec l'enquêteur de la gendarmerie, le réquisitoire, les plaidoiries et le verdict.

http://www.midilibre.fr/2013/12/03/assises-de-l-herault-proces-du-ferrailleur-j-ai-essaye-de-recuperer-mon-arme-ou-j-etais-mort,791773.php

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