vendredi 24 janvier 2014

L’autre visage de Bosko

Schizophrène. Paranoïaque. Et plutôt très doué pour échapper à la police qui l’aura traqué sans relâche durant 24 jours après l’homicide. Chiens, hélicoptère, Groupe d’intervention de la police nationale (GIPN). Bosko Solvij, 45 ans, passera toujours au travers des mailles du filet jeté sur le secteur du Haut-du-Lièvre, à Nancy. Un quartier qui n’avait plus aucun secret pour lui. Le tueur présumé y vivait. Dans un appartement situé au 10e étage de l’immeuble Tilleul Argenté.
Là même où il sera interpellé par le GIPN (!), le 18 mars 2012 vers 13 h, dans un appartement du 7e étage où il avait établi son nid. Le logement d’un jeune couple chez qui il s’était imposé sans séquestration. Mais sous la pression psychologique. Lors des perquisitions, les policiers vont saisir un véritable arsenal et notamment un fusil d’assaut, des armes de poing, des munitions… Au cours de sa garde à vue de 24 heures, Bosko reconnaîtra avoir tiré.
Le Nancéien sera mis en examen pour l’homicide volontaire de Hacène Kehaili, 43 ans, père de deux enfants et chef d’une entreprise d’isolation de Velaine-en-Haye. Le malheureux s’effondrera sur le parking de la rue de la Mortagne, dans le quartier du Champ-le-Bœuf à Laxou, le 24 février 2012 vers 13 h. Une balle tirée en pleine poitrine, avec un pistolet miniature. Le tueur sera placé en détention provisoire à la prison de Metz.
Hier, deux ans après le drame et un dossier au ralenti du fait du changement de magistrat instructeur – le juge d’instruction nancéien Delphine Chojnacki a succédé à Claire Carpentier – Bosko Sovilj est revenu sur les lieux de son crime. Pour une reconstitution de 13 h 30 à 15 h.

Arme à feu contre parapluie

En présence de son avocat Me Alexandre Gantois, de Me Marion Ponti (qui représentait Me Mettat) venue de Lyon pour la défense des intérêts du frère (présent hier), de la sœur et des parents de la victime. Le procureur adjoint Yvon Calvet a lui aussi suivi cette reconstitution. « Il fallait vérifier certains points, certains témoignages et notamment le fait que la victime ait pu provoquer le mis en examen en lui portant un coup de parapluie », avance Yvon Calvet.
Une version du tueur présumé qui corroborerait différents témoignages. Son traitement médical interrompu, Bosko Sovilj a eu semble-t-il ce jour-là un comportement qui a pu être pris comme une agression personnelle par la victime, domiciliée dans la banlieue de Strasbourg. « Le frère de la victime a tenu à être présent de manière à appréhender le déroulement des faits », a déclaré Me Ponti. Atteint d’un strabisme, Bosko crachait à répétition et pouvait fixer les gens. La reconstitution visait notamment à retracer la chronologie des faits à la lumière des éléments du dossier, jusqu’au tir fatal. Arme à feu contre parapluie. « Rien ne peut justifier un tel acte mais lors de la reconstitution, on a vu que la version initiale de mon client – qu’il maintient encore aujourd’hui – concorde avec les éléments du dossier », relève Me Gantois. « À ce jour, mon client est sous traitement, sa situation s’est normalisée, il possède toute sa mémoire et s’exprime clairement ». Les dernières expertises le disent « accessible à une sanction pénale ». L’instruction devrait être bouclée cette année pour déboucher ensuite sur un renvoi devant la cour d’assises.

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2014/01/24/l-autre-visage-de-bosko

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