vendredi 28 mars 2014

Francis Heaulme. Lundi, le procès du « Routard du crime »

Qui est Francis Heaulme ? Ce grand échalas aux cheveux blancs et aux grosses lunettes est l'un des plus notoires tueurs en série français, dont les aveux sibyllins n'ont jamais permis de cerner les motivations profondes.
« Un jour, j'ai étranglé un arbre. L'arbre est devenu mou. C'était un jeune. J'ai laissé son corps dans les herbes folles, c'était à 12 kilomètres de la mer », a-t-il une fois déclaré à un enquêteur.

« Son comportement est calme et son ton égal »

Aujourd'hui âgé de 55 ans, celui que l'on surnomme le « routard du crime » n'admet lui-même que cinq des neuf meurtres pour lesquels il a été condamné. Des « pépins », comme il les désigne dans son langage codé, sur lesquels il est peu disert : « J'ai vu rouge », « ça m'a pas plu » ou encore « je ne sais pas ce qui m'a pris ».
« Son comportement est calme et son ton égal quoi qu'il dise, de sorte qu'il apparaît distant et froid par rapport à ce qu'il relate », ce qui ne l'empêche pas de faire preuve d'une « excellente humeur », selon une source judiciaire.

Il s'entend bien avec ses codétenus

À la prison d'Ensisheim (Haut-Rhin), où il a été transféré en 2006, Francis Heaulme vit dans une petite cellule individuelle, fait un peu de sport et de la relaxation, joue parfois aux jeux vidéo avec un ami codétenu. Il prend plusieurs médicaments, dont des tranquillisants à faible dose.
« C'est quelqu'un qui a une posture très calme (...), il a toujours eu deux ou trois codétenus avec qui il s'entendait bien » et il participe aux activités socioculturelles de la prison, décrit un membre du personnel d'Ensisheim qui l'a côtoyé ces dernières années.
Sa sœur cadette, Christine, à laquelle il est très attaché, est la seule à lui rendre visite au parloir.

Jeunesse difficile

Francis Heaulme grandit dans la région de Metz, où il connaît une enfance traumatisante, avec un père alcoolique et violent.
Il souffre aussi du syndrome de Klinefelter, une anomalie génétique qui se caractérise notamment par une ambivalence sexuelle et une atrophie génitale. Les psychiatres ont toujours réfuté que ce syndrome puisse expliquer ses passages à l'acte, même s'il a contribué à troubler sa personnalité.
À l'école, où il est en situation d'échec, il se fait remarquer par sa grande nervosité et une extrême irritabilité.Premier meurtre en 1984
Jeune adulte sans diplôme ni qualification, lui-même se met à boire et se marginalise. En 1984, un mois après la mort de sa mère qu'il adorait, il étrangle une adolescente de 17 ans près de Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle).
S'ensuit une longue série meurtrière, au gré de ses pérégrinations dans toute la France, de la Marne au Finistère, du Pas-de-Calais au Var, ponctuées de nombreuses hospitalisations pour alcoolisme ou dépression.

Une extrême violence

Jusqu'à son arrestation début 1992 par le gendarme Jean-François Abgrall, il tue des personnes rencontrées par hasard, avec un mode opératoire variable mais toujours d'une extraordinaire violence, sans distinction de sexe ou d'âge: sa plus jeune victime établie à ce jour est un garçon belge de 10 ans, la plus âgée une femme de 86 ans.
Et il tue pour des futilités : des cris qu'il ne supporte pas, une absence de réponse à une question ou la vue qu'il estime provocatrice d'une femme en maillot de bain.

« Mentir, c'est mélanger les informations »

Obtenir de lui des aveux s'est toujours révélé extrêmement compliqué, Francis Heaulme n'ayant jamais éprouvé de remords, relatant ses souvenirs sous la forme d'un puzzle éparpillé.
« Francis Heaulme ne sait pas élaborer un mensonge. Pour lui, mentir c'est mélanger des informations », estime Jean-François Abgrall.

Une mémoire visuelle « hors du commun »

Mais « ses explications qui ne collent pas à un meurtre correspondent toujours à un autre commis là où il est passé également. Il est dans la transposition permanente », selon l'ancien enquêteur, qui a interrogé le tueur à de nombreuses reprises par le passé, notamment en lui faisant dessiner des plans.
Ces croquis se sont souvent révélés d'une précision stupéfiante, signe d'une mémoire visuelle « hors du commun », selon Jean-François Abgrall. Sauf quand il s'agit de se situer lui-même dans la scène d'un crime.

http://www.ouest-france.fr/francis-heaulme-lundi-le-proces-du-routard-du-crime-2052874

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