vendredi 25 avril 2014

Charente-Maritime : trois ans de prison ferme pour le rugbyman qui alimentait le Pays rochefortais en cannabis

Des trois hommes impliqués dans ce dossier de stupéfiants, seul Maxime, un costaud de 34 ans, est au rendez-vous. Son copain Samuel, même âge, est aux prévenus absents. Et son client Laurent, 32 ans, n'a pas reçu la convocation. « Sans doute est-il retourné à la rue », suggère un avocat.
Entre 2007 et 2009, Maxime a alimenté Rochefort et la presqu'île de Fouras en résine de cannabis. Il paraît que sa came n'était pas de premier choix mais elle était abondante. Jusqu'à ce 12 décembre quand les gendarmes débarquent chez lui. Ils découvrent dans son garage une petite dizaine de kilos de résine et 4 000 euros en liquide. Plus une photo montrant l'ami Samuel tout sourire, des savonnettes dans une main, des liasses de billets dans l'autre.
Argent facile
C'est Laurent qui a appelé la maréchaussée. Maxime lui a mis une rouste pour une commande impayée, alors il s'est plaint. Devant ses juges, Maxime hausse les épaules : « Je lui ai juste mis la pression. » Une « pression » digne du talonneur qu'il est dans l'équipe de rugby du coin. Résultat : 21 jours d'incapacité.
Maxime fait face, comme en mêlée. Il reconnaît tout, le trafic, les quelque 80 kilos de cannabis écoulés pendant deux ans, ses « 30 000 euros environ » de bénéfices. « Je ne suis pas toxico, explique-t-il, c'était pour l'argent. À l'époque, je ne me voyais pas me lever tous les matins à 6 heures pour aller bosser comme tout le monde. Je dis bien à l'époque… » Depuis qu'il est sorti de prison, il complète son RSA avec des contrats de saisonnier et des petits boulots. « Oui, Monsieur le président, au noir. »
Maxime reconnaît, mais il minimise. Il n'est pas ce patron de la Fouras'Connection que décrit l'accusation. Il ne servait que de « nourrice » pour d'autres, les vrais dealers, qui le rémunéraient en nature. Leurs noms ? « Je ne peux pas les donner. »
Blanchiment
Une version qui laisse le procureur de la République, Laurence Lepez, plus que sceptique : « Et vos commanditaires, ils ne vous ont pas demandé de rembourser les neuf kilos que les gendarmes ont saisis ? » « Non. » « Et ces trois BMW et Mercedes que vous avez achetées d'occasion avant de les revendre à perte, ce n'était pas pour blanchir l'argent de la drogue ? » « J'ai toujours aimé les belles voitures. À l'époque, j'étais plutôt frimeur. »
Maxime n'est plus le même homme, assure son défenseur, Me Jean-François Prigent. Il travaille « comme tout le monde. » Et puis s'il n'avait pas été la « nourrice » qu'il dit être, il aurait encaissé bien plus que ses 30 000 euros de bénéfices. « Après tout, sur plus de deux ans, ça ne fait jamais que 1 150 euros par mois. »
Le tribunal, présidé par Patrick Broussou, n'a pas été sensible à ces arguments économiques. Il est allé au-delà des réquisitions du procureur en condamnant Maxime à cinq ans de prison dont deux avec sursis. Comme il a déjà passé une année en détention provisoire, le rugbyman pourra solliciter un aménagement de peine.

http://www.sudouest.fr/2014/04/25/drogue-carton-rouge-pour-le-rugbyman-1535480-1352.php

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