jeudi 17 avril 2014

Privations, humiliations, violences : 2 ans de prison pour une mère adoptive

Une mère de 36 ans a été condamnée, en correctionnelle, à 2 ans de prison avec sursis pour des violences commises sur ses deux enfants adoptifs.
«Ma mère et mes enfants sont tous contre moi et ne respectent pas mon autorité », se lamente Clarisse debout dans le box des prévenus du tribunal correctionnel. « Je suis seule à m’en occuper et c’est de mon devoir de les corriger », insiste cette femme de 36 ans, d’origine africaine, poursuivie pour des maltraitances sur ses deux enfants adoptifs.
Interrogée par la présidente du tribunal Élisabeth Schellino, Clarisse tremble, les larmes aux yeux. Pas de remords mais de colère. Elle ne regarde ni sa mère ni même ses deux enfants, assis devant elle. Et lorsque la vieille dame s’avance à la barre, Clarisse bouillonne. La grand-mère, qui recueille régulièrement les enfants chez elle à Blagnac, dresse un portrait accablant de la prévenue : violente et injuste.
« Je ne sais pas ce qui arrive à ma fille. Seul compte son troisième enfant naturel tout juste âgée de 10 mois. Elle n’aime pas ses aînés. Si je n’étais pas là, certaines nuits ils dormiraient dehors ! », explique leur grand-mère désemparée.
Comme cette nuit du 15 mars dernier où, jetés à la rue, les enfants se réfugièrent chez leur grand-mère. Mais ce soir-là, leur mère est arrivée et une dispute a éclaté.
La prévenue a asséné un coup de couteau de cuisine à sa fille. Âgée de 14 ans, choquée, l’adolescente s’en sort avec trois points de suture à l’annulaire. L’adolescente a ensuite expliqué aux policiers, intervenus à la demande du voisinage, qu’elle et son frère étaient victimes de violences régulières infligées par leur mère : gifles, arrachage des cheveux, coups de bâton, etc.

« Il est de mon devoir de le corriger »

À l’audience, le jeune garçon de 17 ans relate d’une voix chevrotante les violences psychologiques que lui et sa sœur subissent depuis leur arrivée en France, voilà trois ans. Il décrit aussi les séances d’humiliation imposées par sa mère adoptive : devoir rester sur le palier de l’appartement les vêtements lacérés, ou encore à genoux, tête baissée, pendant de longues heures sous peine de recevoir de nouveaux coups.
« Briser un manche à balai sur le dos de votre fils vous semble être une réponse adaptée à sa désobéissance ? », interroge la présidente Schellino. Privations de nourriture et humiliations quotidiennes sont imposées par sa mère. Sa sœur raconte une nuit passée dehors en plein hiver, en sous-vêtements sur le balcon. « Ma mère n’avait pas apprécié les rajouts de cheveux que je m’étaient faits sur la tête. »Dans la salle, le malaise est palpable. Seule Clarisse ne remet pas en cause ses agissements : « Il est de mon devoir de le corriger », insiste-t-elle à nouveau.
« Cette femme tient ses deux enfants comme responsables de tous ses maux et ne remet nullement en cause son comportement ! », s’insurge l’avocate des enfants martyrs, Me Delanglade. À l’encontre de Clarisse, qui n’exprime toujours aucun regret, la procureure Valérie Quéméner requiert dix-huit mois de prison, dont douze avec sursis.
Mais le casier judiciaire de la prévenue ne comporte aucune condamnation. Pour les violences physiques et psychologiques infligées à ses deux aînés, Clarisse a été condamnée à deux années de prison avec sursis.
Elle a quitté libre le tribunal. Le domicile des adolescents est désormais fixé chez leur grand-mère. Et le juge des enfants vient d’être saisi par le parquet afin de déterminer ce qu’il devait advenir du dernier enfant de Clarisse.

http://www.ladepeche.fr/article/2014/04/17/1865038-privations-humiliations-violences-2-ans-prison-mere-adoptive.html

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