Fléchissement
Le deuxième jour du procès de l’assassin présumé de Maxime Roussel est consacré aux témoignages dont des proches de la victime. En milieu de matinée, un grand garçon de 18 ans, couvert d’un pull à capuche bleu, s’effondre dans les bras de sa mère sur le parvis du palais de justice. C’est l’un des meilleurs amis de Maxime. Pendant deux heures, à la barre, il a parlé de la victime, de leur bande de copains, des sorties entre potes, d’une amitié à jamais perdue. La petite amie de celui qu’on surnommait « Maxou » affiche sa colère face à l’homme assis dans le box qui, le soir du drame, lui a envoyé des messages de compassion, jurant qu’il n’avait pas vu Maxime. « Cet homme ne prend même pas la peine de répondre à des questions sur son comportement, sa personnalité », assène Me Simoneau, représentant des parents, du barreau de Lille, qui peint un être cynique.Ses conseils sont aussi clairement déconcertés : « On ne sait pas où on va. On ne sait pas ce qu’on va plaider. », admet Me Schwerdorffer, également à la défense, de Besançon. Les quelque témoignages, qui pourraient servir l’accusé, sont fragiles. Ainsi, un habitant a aperçu, le soir du 10 janvier 2012, « une masse sombre, peut-être une voiture, trois silhouettes et deux motos » sur le chemin forestier où Maxime a été découvert. Ça pourrait coïncider avec les déclarations de l’accusé. Dans sa cinquième audition, il a admis être allé à Étouvans avec deux connaissances, « Karim et Dylan », les assassins, dit-il de Maxime. Des tueurs fantômes (jamais identifiés). Le dénommé Dylan conduisait une 205, il était passager, Karim roulait derrière en moto. Mais devant la cour d’assises des mineurs, l’habitant d’Étouvans répète qu’il n’a vu qu’une masse sombre et peut-être une seule moto. Au moment où l’ancienne petite amie de l’accusé est entendue, celui-ci donne des signes de fléchissement. « J’ai demandé à cette demoiselle si elle l’avait aimé. Elle m’a répondu que oui. Je lui ai demandé si elle s’était bien fait avorter de lui en mars 2012. Elle m’a répondu que oui. Je me suis adressé à l’accusé en lui disant qu’il était peut-être temps de dire des choses. Il a été un peu ému. Rien n’y fait », reprend l’avocat lillois.
Le beau-père de l’assassin présumé (qui le considère comme son fils) a expliqué à quel point sa vie avait basculé ce 10 juin 2012 : « Ce ne sont pas des mots que la famille de Maxime peut entendre. Il présente des excuses. En même temps, il a organisé son insolvabilité pour ne pas payer de dommages et intérêts à la famille de Maxime », assène Me Simoneau.
Le procès en est à ce point de tension. Les premiers experts psychiatriques et psychologiques prendront la parole aujourd’hui pour éclairer les jurés sur la personnalité d’un homme, toujours réfugié dans un carcan ou, peut-être, le déni.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2014/06/18/rien-ne-nous-apaisera
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