mercredi 30 juillet 2014

Perpignan : l'histoire d'amour vire à la bataille juridique

Le début de cette histoire pouvait faire rêver bien des petites filles et même des grandes. C'est l'Afrique majestueuse, majuscule, celle des grands fauves, des animaux sauvages, des safaris, de la brousse absolue, de la savane enchanteresse, du vent chaud qui enveloppe les passagers du soir.
Nous sommes en Afrique du Sud, quelque part entre Tzaneen et Hoedspruit. C'est la réserve de Ma Kalali à 45 minutes de 4x4 par beau temps du premier village. C'est en 2011 une destination lointaine et un stage de trois semaines pour Hélène Catlla, la jeune vétérinaire étudiante de l'école vétérinaire de Louvain (Belgique). En trois semaines, la jeune fille est séduite. «Michael a tout fait pour cela. Il était très motivé» raconte-t-elle avec une sorte de détachement dans son récit. Au bout du stage l'étudiante repart étudier, soutenir sa thèse à Liège. Mais Skype et les mails incessants permettent de maintenir les feux de l'amour intercontinental. Désormais les études sont ponctuées par des voyages dans le Limpopo. «Six vols par an. Il mettait à ma disposition des billets d'avion» poursuit-elle. Elle a la promesse de pouvoir, à la fin de ses études, travailler avec les animaux de cette réserve dont une bonne partie appartient à la famille de Michael son fiancé, bientôt son mari. Et de s'installer durablement dans ce conte de fée au pays des Afrikaners. La vie commune démarre véritablement en juillet 2011 diplôme en poche même s'il n'est pas reconnu en Afrique du Sud. Qu'importe puisqu'on va travailler en famille. Mais les évènements s'accélèrent. Hélène annonce sa grossesse le 3 septembre 2011.
Selon son propre récit, le lendemain, la love story se serait brutalement déglinguée avec les premiers coups qui pleuvent sur la future mariée. Mais pas au point de compromettre le mariage organisé le mois suivant pour 200 personnes dont une dizaine de français qui ont fait le déplacement pour partager ce moment d'éternité d'Hélène. Même si, après les festivités, rapidement, la future maman se retrouve en pleine brousse, totalement isolée , coupée de sa famille et de ses amis. «Les violences ont recommencé alors que j'étais enceinte de huit mois. Il était alcoolisé. C'est à ce moment-là que j'ai compris que plus rien n'était possible pour nous deux» explique-t-elle encore.

Le Yalta matrimonial de Cerdagne échoue

Même si après la naissance de Lili, elle tentera une autre fois de recoller le miroir brisé de ce rêve amoureux, avant de réclamer et d'obtenir la protection du consulat de France à Johannesburg et d'envisager son départ pour la France avec la petite âgée de 4 mois. «Mon départ était prévu depuis longtemps. On devait tous passer les fêtes de Noël chez nous en France» se souvient la jeune femme qui dit se retrouver ballotée dans le ressac des différentes prises de position de Michael.
Le mari, organisateur de safaris finira par lancer une procédure de divorce le 4 novembre 2012 . «Pour pouvoir quitter l'Afrique du Sud, j'ai dû m'engager à y retourner avec Lili. C'était la seule façon que j'avais de pouvoir regagner la France» argumente encore Hélène qui va s'envoler pour la France le 25 novembre 2012 avec Lili, âgée de 4 mois.
En juin 2013, les deux époux reprennent le dialogue sur les hautes terres de Cerdagne, en famille, de restaurants en randonnées de montagne. «Il s'agissait alors pour moi de trouver une issue pour que tout le monde soit heureux et respecté. Pour que le père puisse voir sa fille en France et même en Afrique du Sud lors de vacances. Mais le Yalta matrimonial de Cerdagne échoue.

Quand un village cache la petite Lili

Michael persiste à réclamer le retour de Lili en Afrique du Sud. Il saisit le juge des affaires familiales de Montpellier qui se prononce catégoriquement contre le retour de l'enfant en Afrique du Sud et surtout contre l'éloignement d'avec sa mère. «Dans les attendus de son jugement, le juge argumente sur une situation intolérable pour l'enfant. Et un expert privé conclut à la mise en danger psychologique de l'enfant en cas de séparation avec la mère» indique Me Gilles Gauer.
Mais le père fait appel. La cour de Montpellier étudie le dossier dans un laps de temps record, à peine deux mois. Et conclut au retour de la petite en Afrique du Sud. « Céder c'était abandonner ma puce. Et il était impossible pour moi de l'accompagner là-bas sinon avec un visa touristique de courte durée» explique Hélène qui désormais plonge dans le cauchemar et le polar des familles en voie de décomposition. Mi-avril, le père arrive en France pour récupérer Lili. Mais la petite est déjà partie dans un long voyage, pour de longues vacances en clandestinité. L'association «Protégeons la Petite Lili» est mise sur pied par André Bègue. Le réseau de résistance et d'observation s'organise pour que les gendarmes ne mettent pas la main sur la petite afin de faire exécuter le jugement de la cour d'appel.
Pendant que la petite se cache hors de France, les bénévoles résistants surveillent les routes de Cerdagne car le père rôde autour du domicile et de la clinique vétérinaire, parfois armé de jumelles. Un peu plus tard, le garagiste étonné découvre une balise GPS sous la voiture d'Hélène. Plainte est déposée pour atteinte à la vie privée. «On ne sait toujours pas qui a posé cette balise. Si c'est le père, des détectives engagés par lui ou par son avocat. Ou bien les autorités françaises pour tenter de remonter la piste de Lili.
La dernière option me semble à ce jour peu crédible» estime André bègue qui dirige le réseau des résistants de Cerdagne, désormais déployés sur tous les fronts. Puisque l'histoire d'amour brisé est devenue guerre de position. Et que le conflit pourrait durer jusqu'à la cour de cassation. Bien loin dans le temps.

http://www.ladepeche.fr/article/2014/07/30/1926704-l-histoire-d-amour-vire-a-la-bataille-juridique.html

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