samedi 16 août 2014

Le militaire filmait ses deux collègues féminines sous la douche

« Tolérance zéro » pour les auteurs de violences sexuelles dans l’armée, déclarait cet hiver le ministre de la Défense après la parution d’un livre dénonçant « l’omertà » sur le sujet. Cette consigne vient d’être appliquée à la lettre, avec la dénonciation au parquet militaire de Reims d’un caporal de 29 ans qui a filmé deux collègues féminines sous la douche.
Une plaignante appartient au 40e régiment d’artillerie de Suippes, la seconde au 40e régiment de transmissions de Thionville, qui est également le corps d’affectation du caporal. Leurs unités étaient en manœuvre au camp de Mailly (à cheval sur la Marne et l’Aube) quand les faits ont eu lieu le 9 août.

Quadruple mise en examen

Les femmes militaires bénéficient d’un créneau horaire pour les douches, interdites aux hommes à ce moment-là. Alors qu’elle se lavait dans sa cabine, la première victime a vu l’écran d’un portable sous la porte ! Le temps de crier et de sortir, le maniaque avait disparu.
Cette chaude alerte ne l’a pas calmé car il recommençait le même soir avec la deuxième militaire. Sauf que celle-ci donnait l’alerte suffisamment tôt. Le caporal n’a pas eu le temps de quitter les douches, retrouvé caché dans une cabine…
Informée, sa hiérarchie l’a renvoyé à Thionville, « à titre de présanction, avant même que nous soyons saisis », indique-t-on au parquet de Reims, où l’on salue « la réaction de l’institution militaire ». « Il n’y a eu aucune volonté d’étouffer cette affaire. De tels agissements ne sont pas anodins. Les deux personnels féminins ont bénéficié du soutien de leur hiérarchie pour déposer plainte à la gendarmerie. »
Arrêté mardi à Thionville, puis ramené à la brigade de Mailly-le-Camp, le caporal a été présenté mercredi au parquet de Reims lui aussi enclin à ne faire preuve d’aucune légèreté. Une information judiciaire a été ouverte, une quadruple mise en examen prononcée.
Le premier délit relève du droit commun : « atteinte à la vie privée par fixation d’images ». Les trois autres sont spécifiques à la justice militaire : « violation de consignes » pour s’être introduit dans les douches hors des horaires autorisés pour les hommes ; « violences sur un subordonné » (la première victime a le grade de première classe) ; « voie de fait sur un supérieur » (la seconde est maréchal des logis). Peine maximale encourue : dix ans de prison !
Le caporal a été remis en liberté sous contrôle judiciaire. S’est-il fait prendre lors de son coup d’essai ? Rien n’est moins sûr. L’instruction a notamment pour but de vérifier s’il n’a pas filmé ou photographié d’autres collègues sous les douches (dans son régiment ou ailleurs), et de s’assurer que de telles images n’auraient pas été diffusées.

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