lundi 29 septembre 2014

Le trio meurtrier de Moissac devant la cour d'assises

La troisième session de la cour d'assises de Tarn-et-Garonne qui débute ce matin par un premier procès sur une affaire d'inceste entre frère et sœur (notre encadré), verra toutefois son point d'orgue avec le jugement très attendu des trois mis en cause présumés du meurtre de Moissac : Sandra Bonnet, 24 ans, Rachid Dallier, 30 ans et Khaled Touil, 27 ans.

Un assassinat, deux tentatives d'homicide et un enlèvement à juger dans ce dossier

Présidée par Corinne Chassagne les jurés vont donc découvrir d'entrée au travers de la lecture de l'acte de renvoi les faits et la personnalité complexe des trois accusés qui auraient sauvagement poignardé quai Magenta, le 19 mai 2011, Mohamed Belhachemi, un jeune maçon moissagais de 23 ans qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. Un assassinat qui ne sera pas le seul dossier jugé durant la semaine, du 6 au 10 octobre, consacrée à cette lourde affaire : les trois comparses comparaissant pour l'enlèvement et des violences sur un jeune Moissagais le soir de l'homicide de Belhachemi, d'avoir la même nuit après ce meurtre tenter de tuer à Toulouse, Samy Naas Arabat qui a reçu à son domicile 10 coups de couteau, et enfin d'être les auteurs d'une autre tentative d'homicide, à Balma le 29 avril 2011, à l'encontre d'un kinésithérapeute ayant reçu trois coups de couteau avant de se faire voler son véhicule.
La tâche de la défense respectivement représentée par Nicolas Raynaud de Lage pour S. Bonnet, Me Serge Capel et Dominique Laplagne pour R. Dallier et Me Jean-Louis Pujol pour K. Touil ne sera pas aisé.

L'un des assassins présumés au «mitard» depuis trois semaines pour avoir frappé un surveillant

Particulièrement pour ce dernier qui a écopé au début du mois de 35 jours d'isolement après avoir mis un coup de tête à un surveillant de la maison d'arrêt de Beausoleil. Une «broutille» pour ce spécialiste du travestissement qui avait échappé durant plus de deux mois entre mai et juillet 2011 aux enquêteurs de la section des recherches (SR) de Toulouse et de la brigade des recherches (BR) de Castelsarrasin avant d'être interpellé dans la cave d'un immeuble de Grenoble où il vivait terré depuis des semaines. Même constat pour Rachid Dallier qui n'est autre que le cousin germain de Khaled Touil.

Il avait tenté de s'évader de la maison d'arrêt d'Agen

Arrêté à Cerbères (66) une semaine après le meurtre de Moissac par la police des airs et des frontières (PAF) après avoir fui en Espagne avec Sandra Bonnet, sa compagne de l'époque, celui-ci était parvenu durant sa détention provisoire a scié les barreaux de sa cellule de la maison d'arrêt d'Agen, et a passé le mur d'enceinte à l'aide d'un grappin disposé par un complice à l'extérieur de la prison (notre édition du 21 septembre 2011).
À la lecture de ces quelques détails de cette affaire hors norme comportant plusieurs tomes de procédures, les jurés de cette cour d'assises comprendront aisément qu'ils auront à faire à de sérieux clients. La Défense ne devrait toutefois pas manquer d'exploiter le passé des trois mis en cause : leur enfance difficile soumise à des violences physiques ou psychologiques parentales, les trois suspects ayant été baladés toute leur adolescence de foyer en famille d'accueil, sans jamais avoir trouvé une stabilité une fois adulte. Le casier judiciaire de Rachid Dallier condamné 14 fois et son cousin Khaled Touil 29 fois est éloquent.

Un procès de la misère affective…

Cette session d'assises qui comptera cinq affaires entre ce lundi et le 22 octobre, débute ce matin par un sordide dossier de viols sur mineur de moins de quinze ans. Le mis en cause Jérémy S. qui a aujourd'hui 25 ans, n'est autre que le frère de la victime. Cette dernière qui sera défendue par Me Charlotte Lévi aura attendu plusieurs années avant de confier son calvaire à l'une de ses enseignante fin 2012. Violées à plusieurs reprises et victimes d'agressions sexuelles répétées depuis l'âge de 12 ans, cette dernière qui aura bientôt 18 ans et qui est placée depuis l'arrestation de son frère en octobre 2012 dans sa famille à Labastide-du-Temple, devra revivre ses longues années de violences sexuelles. La défense représentée par Me Sandrine Roca qui pourrait demander un jugement à huis clos, ne devrait pas manquer d'exposer un contexte familial difficile. Dans cette fratrie de trois enfants, la vie a rarement été rose : le père handicapé à 80 % après avoir été percuté par un train sombre dans l'alcoolisme, la mère qui demandera le divorce en 2004 en prenant la charge de ses enfants, décède, en 2007 dans un accident de la route. Placée dans leur famille à Labastide-du-Temple, c'est durant cette période que la victime subit des viols répétés de son frère. Un dossier sombre, un procès de la misère affective qui devrait s'étaler jusqu'à demain. Il sera suivi mercredi à vendredi du procès de Noël D. également accusé de viols aggravés.

http://www.ladepeche.fr/article/2014/09/29/1961386-le-trio-meurtrier-de-moissac-devant-la-cour-d-assises.html

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