samedi 20 décembre 2014

Gironde : strangulation, bras cassé, elle n’a pas dénoncé les coups portés contre ses enfants

Le tableau clinique est éloquent. Des marques de strangulation, des bleus sur les bras, une oreille violacée puis une autre, une morsure à la joue, un doigt tordu, un bras cassé, une perte de poids en pleine croissance…
Une mère de famille de Lesparre de 36 ans était jugée hier par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour ne pas avoir dénoncé de mauvais traitements infligés en 2013 à ses deux enfants de 10 et 3 ans par son ancien compagnon, Willy Peschler, 33 ans - il n'était pas le père des enfants. C'est l'école qui, en octobre 2013, avait signalé les marques de coups récurrentes.
Lui est absent à l'audience. Déjà condamné pour des violences sur ascendant ou sur conjointe, il a toujours assuré ne pas frapper les enfants. Elle est donc seule à la barre. Lunettes et yeux rouges, une main posée sur l'autre, elle répond souvent à côté des questions pourtant sans piège.
Et s'apitoie sur elle-même. « J'ai fait une erreur de le rencontrer. Je donne trop facilement ma confiance. » Son compagnon était pour elle « un saint » qu'elle a défendu envers et contre tout et tous. « Je ne savais pas, tout cela s'est fait à mon insu. Mes enfants ne m'ont rien dit et il ne l'a jamais fait devant moi ».

Mandat d'arrêt requis

À cette époque, elle souffrait de coliques néphrétiques qui l'ont souvent conduite aux urgences, à charge pour son compagnon de s'occuper des enfants. N'a-t-elle pas su ou pas voulu voir les choses ? Le vice-procureur, Marc Ottomani, lui repose la question, obtenant à chaque fois une réponse ambiguë.
« On a le sentiment que vous n'écoutiez pas vos enfants », soupire le président. Elle croyait volontiers son compagnon quand il assurait que les bleus venaient de chutes à l'école, que son fils était tombé sur le carrelage et sa fille sur le… tapis ou quand il affirmait ne pas agresser sexuellement son beau-fils. « À cet âge, ils se touchent pour se découvrir », croit justifier la prévenue. « J'ai été naïve jusqu'au bout, j'étais sous son emprise. J'avais confiance en lui, c'est un abus de confiance. »
Me Marion Lavaud, qui représente Victaid, administrateur ad hoc pour les enfants placés, rappelle que ces violences sont allées crescendo. Et que le garçonnet a été clair en disant « c'est papa d'amour qui m'a fait ça ». « Elle aurait été prise à son propre piège et serait elle-même victime de son aveuglement », pose le vice-procureur. Cette lecture du dossier est trop facile, selon le magistrat. « Elle savait pertinemment au fond d'elle-même ce qui se passait, d'autant plus qu'elle connaissait la violence de son compagnon qu'elle avait eue à subir », gronde-t-il, en requérant six mois de prison avec sursis contre la mère et deux ans ferme avec mandat d'arrêt contre l'ancien compagnon.

Trois mois avec sursis

« Elle est jugée pour avoir été une mauvaise mère », résume Me Myriam Sebban, qui s'inscrit en faux contre cette définition de sa cliente. « La vraie question c'est : pouvait-elle, avec son vécu, ses problèmes de santé et en l'absence de témoignages, avoir conscience que ses enfants étaient victimes de mauvais traitements ? » L'avocate répond non et plaide la relaxe.
Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné la mère à trois mois de prison avec sursis et l'ancien compagnon à deux ans ferme.
http://www.sudouest.fr/2014/12/20/la-mere-n-avait-pas-denonce-les-coups-1774551-2780.php

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