Une mère de famille de Lesparre de 36 ans était jugée hier par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour ne pas avoir dénoncé de mauvais traitements infligés en 2013 à ses deux enfants de 10 et 3 ans par son ancien compagnon, Willy Peschler, 33 ans - il n'était pas le père des enfants. C'est l'école qui, en octobre 2013, avait signalé les marques de coups récurrentes.
Lui est absent à l'audience. Déjà condamné pour des violences sur ascendant ou sur conjointe, il a toujours assuré ne pas frapper les enfants. Elle est donc seule à la barre. Lunettes et yeux rouges, une main posée sur l'autre, elle répond souvent à côté des questions pourtant sans piège.
Et s'apitoie sur elle-même. « J'ai fait une erreur de le rencontrer. Je donne trop facilement ma confiance. » Son compagnon était pour elle « un saint » qu'elle a défendu envers et contre tout et tous. « Je ne savais pas, tout cela s'est fait à mon insu. Mes enfants ne m'ont rien dit et il ne l'a jamais fait devant moi ».
Mandat d'arrêt requis
À cette époque, elle souffrait de coliques néphrétiques qui l'ont souvent conduite aux urgences, à charge pour son compagnon de s'occuper des enfants. N'a-t-elle pas su ou pas voulu voir les choses ? Le vice-procureur, Marc Ottomani, lui repose la question, obtenant à chaque fois une réponse ambiguë.« On a le sentiment que vous n'écoutiez pas vos enfants », soupire le président. Elle croyait volontiers son compagnon quand il assurait que les bleus venaient de chutes à l'école, que son fils était tombé sur le carrelage et sa fille sur le… tapis ou quand il affirmait ne pas agresser sexuellement son beau-fils. « À cet âge, ils se touchent pour se découvrir », croit justifier la prévenue. « J'ai été naïve jusqu'au bout, j'étais sous son emprise. J'avais confiance en lui, c'est un abus de confiance. »
Me Marion Lavaud, qui représente Victaid, administrateur ad hoc pour les enfants placés, rappelle que ces violences sont allées crescendo. Et que le garçonnet a été clair en disant « c'est papa d'amour qui m'a fait ça ». « Elle aurait été prise à son propre piège et serait elle-même victime de son aveuglement », pose le vice-procureur. Cette lecture du dossier est trop facile, selon le magistrat. « Elle savait pertinemment au fond d'elle-même ce qui se passait, d'autant plus qu'elle connaissait la violence de son compagnon qu'elle avait eue à subir », gronde-t-il, en requérant six mois de prison avec sursis contre la mère et deux ans ferme avec mandat d'arrêt contre l'ancien compagnon.
Trois mois avec sursis
« Elle est jugée pour avoir été une mauvaise mère », résume Me Myriam Sebban, qui s'inscrit en faux contre cette définition de sa cliente. « La vraie question c'est : pouvait-elle, avec son vécu, ses problèmes de santé et en l'absence de témoignages, avoir conscience que ses enfants étaient victimes de mauvais traitements ? » L'avocate répond non et plaide la relaxe.Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné la mère à trois mois de prison avec sursis et l'ancien compagnon à deux ans ferme.
http://www.sudouest.fr/2014/12/20/la-mere-n-avait-pas-denonce-les-coups-1774551-2780.php
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