jeudi 15 janvier 2015

Nancy : le braqueur assure qu'il voulait tout simplement nourrir sa fille

Nancy. « A notre époque, c’était Che Guevara, maintenant, c’est Ben Laden… ». C’est lors de l’examen de sa personnalité, lundi, que Roger Quimbre, qui comparaît depuis quatre jours devant la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle, a lâché cette phrase.
Quimbre, 55 ans, le visage buriné et la voix rauque des excès, est en effet un truand à l’ancienne, notamment déjà tombé pour des braquages de banque. Hier, il s’est expliqué sur ces neuf vols avec arme commis entre février et septembre 2011 au préjudice de négociants en or.
Sorti de détention fin 2008, il s’installe installé dans l’Yonne. « Pour un peu couper les ponts avec mes relations mais surtout pour réunir les conditions, très exigeantes, de la prise en charge de ma fille (NDLR : alors âgée de 11 ans), que je voulais récupérer ».
Cette gamine, placée dans une famille d’accueil, Quimbre lui a fait la promesse de la reprendre avec lui. « Pendant deux ans, des gens m’ont donné un peu de travail et, avec ma compagne, on a réussi à tenir ». Ces petits boulots se font cependant plus rares. Criblé de dettes, l’homme décide alors de braquer des négociants en or.
« L’idée est venue fin 2010, quand on a vendu des bijoux de ma compagne. J’ai vu qu’il y avait une opportunité. Les négociants sont seuls dans une salle, l’argent est posé sur une table, c’est tentant… On était dans une misère noire. Il ne restait plus que ça, les bijoux de ma compagne. Ses bijoux à elle, ses bijoux d’enfance. J’étais carrément en train de la dépouiller… Ces vols, c’était pour rembourser les dettes. Oui, on ne m’a pas trouvé en Espagne, dans une boîte de nuit, hein ? Non, si je braquais le matin, je payais l’EDF l’après-midi ».

« Ils m’auraient retiré ma gamine »

Ces braquages sont commis avec quatre autres hommes. L’un est décédé, un autre toujours non identifié et les deux derniers sont également jugés cette semaine. Joseph Rusch est l’un deux. En 2011, il avait 20 ans. « - L’âge d’être votre fils », fait remarquer la présidente. « - Oui, je sais que s’il est là, c’est de ma faute ».
Bien que parfaitement organisés, ces vols ne rapportent guère. Moins que prévu en tout cas. « - Des sommes minables », glisse la présidente. « - Oui, je sais mais il y avait urgence. Ma fille allait arriver. Comment aurais-je pu arrêter ? ».
Lola rejoint son père dans l’Yonne fin juin. Quelques jours plus tôt, le cinquième braquage a rapporté 2.600 €. A partager en deux… « - Là, vous ne vous dites pas qu’il faut arrêter ? ».
« - Je n’avais pas le choix », reprend l’homme qui assure avoir été écartelé entre la promesse faite à sa fille et son quotidien insupportable. « Si j’avais arrêté, les services sociaux auraient vu que ça n’allait pas. Et ils m’auraient retiré ma gamine ».
Après quatre autres vols, Quimbre décide en septembre 2011 de passer à la vitesse supérieure, projette avec Rusch de braquer des dealers, au moyen d’un faux contrôle de police. 40.000 € à la clé.
« - Dangereux, quand même, non ? », questionne la présidente. « Le dealer est moins passif que le marchand d’or… ».
« - C’étaient des petits jeunes, j’étais sûr qu’à l’esbroufe, ça allait marcher ».
Quimbre et Rusch ont été interpellés avant de passer à l’action. « Ils nous ont arrêtés quand ils ont vu qu’on allait changer de registre ». En garde à vue, le quinquagénaire avoue immédiatement. « Ça a été un soulagement. Avant, dans le box, avec moi, il y avait des bandits. Là (NDLR : il désigne Rusch et Laparre du doigt), ça n’a rien à voir, ce sont des frères de misère… Je ne savais plus comment faire pour nourrir ma fille… ».
Réquisitions et plaidoiries aujourd’hui. Verdict demain.

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2015/01/15/je-n-avais-pas-le-choix

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