mardi 3 février 2015

Le spectaculaire double braquage du joaillier Harry Winston aux assises

Neuf cents bijoux dérobés, un préjudice record de plus de 100 millions d'euros : huit hommes comparaissent à partir de mardi devant la cour d'assises de Paris pour le double braquage en 2007 et 2008 du prestigieux joaillier parisien Harry Winston.
Nous sommes le 6 octobre 2007, peu avant 10 heures, quatre malfaiteurs armés et cagoulés, vêtus de combinaisons de travail de peintres, braquent un à un les membres du personnel d'Harry Winston qui viennent prendre leur service à la bijouterie du  29 de l'avenue Montaigne, luxueux quartier de Paris fréquenté par une riche clientèle internationale. Avec la complicité d'un vigile, ils s'étaient introduits la veille par une porte de service dans l'établissement où ils avaient passé la nuit. Après avoir menacé, frappé puis ligoté les employés et contraint le directeur à désactiver les alarmes et ouvrir les coffres, ils s'emparent de 120 montres et 360 pièces de joaillerie, un butin estimé à plus de 32 millions d'euros. Durée du braquage : moins de 30 minutes.

Un an plus tard, le 4 décembre 2008, quatre hommes dont trois affublés de vêtements féminins et perruques pénètrent à nouveau dans la boutique, cette fois par l'entrée principale, avec la complicité du même agent de sécurité qui n'avait pas été soupçonné la première fois. "Personne ne bouge, sinon je fume tout le monde" : en moins de vingt minutes, les malfaiteurs s'emparent de 104 montres et 297 pièces de joaillerie estimées à 71 millions d'euros. Ils prennent la fuite à bord d'une voiture où les attendait un complice.

Pour le joaillier des princesses et stars de cinéma implanté dans toutes  les grandes capitales du monde, comme pour son assureur, la coupe est pleine. Les Lloyd's de Londres offrent alors 700.000 euros de récompense pour retrouver  les bijoux. Car si les chiffres du préjudice subi varient de plus ou moins 30% selon les sources, il s'agit néanmoins de l'un des plus importants vols de bijoux commis dans le monde. Mais après cinq ans d'enquête menée par la Brigade de répression du banditisme (BRB), 493 pièces restent introuvables. Les dossiers des deux braquages ont été joints, la procédure ayant montré la participation de certains des mis en cause aux deux affaires.
De vieilles connaissances dans le box   
C'est à partir d'un renseignement parvenu aux gendarmes de l'office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) que les policiers ont remonté la piste des braqueurs avec écoutes et filatures, mais aussi celle des revendeurs. Certaines pierres, parfois retaillées, ont été écoulées à 25% de leur valeur en Israël ou sur le marché des diamantaires d'Anvers avec de faux certificats.

Parmi les accusés poursuivis pour vol en bande organisée, complicité ou  recel, figure une vieille connaissance des policiers, Douadi Yahiaoui, dit "doudou", 50 ans, qui a déjà purgé 23 ans de détention pour des vols et trafics  de stupéfiants. Considéré comme le cerveau des deux casses, il minimise son rôle, se présentant comme un simple intermédiaire. C'est cependant dans son pavillon  que les policiers ont mis la main sur la plus grande partie du butin récupéré, dont 19 bagues et trois boucles d'oreille estimées à 17 millions d'euros, dans une cache cimentée dissimulée dans un égout de récupération des eaux pluviales. Plusieurs membres de sa famille sont également jugés.
Autre personnage clef du dossier, Mouloud Djennad, 39 ans, agent de  sécurité chez Harry Winston depuis juin 2007, a reconnu son implication dans  les braquages, pour lesquels il a fourni à Daoudi Yahiaoui les informations précieuses sur la bijouterie. Le procès est prévu jusqu'au 27 février.
 

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