dimanche 8 février 2015

Procès Bettencourt : fonds, flux financiers et comptes non-déclarés au programme

La troisième semaine du procès Bettencourt, à Bordeaux, va entrer dans le détail des comptes, fonds et flux liés à la fortune de Liliane Bettencourt et entendre notamment le député UMP et ex-ministre Eric Woerth, poursuivi pour un recel -- une somme qu'il aurait reçue du gestionnaire de fortune de la milliardaire -- qu'il nie.
Après deux semaines centrées sur les personnalités, puis les donations ou libéralités de millions, de dizaines, de centaines de millions de l'héritière de L'Oréal au profit des principaux prévenus -- l'ami et confident
François-Marie Banier en première ligne -- le Tribunal correctionnel devrait partager davantage son temps d'écoute entre les divers prévenus, mais aussi un expert-comptable, et l'actuel tuteur de Liliane Bettencourt, Olivier Pelat
Patrice de Maistre et les comptes non-déclarés
Patrice de Maistre, l'ex-gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, poursuivi pour abus de faiblesse et blanchiment, devrait notamment entrer dans le détail de cette gestion. A travers lui, les comptes non-déclarés de la femme la plus riche de France en Suisse ou ailleurs à l'étranger -- 14 au total, dit-il, dont deux seulement qu'il connaissait à l'époque -- devraient venir sous le projecteur, tout comme l'île seychelloise d'Arros, acquise par Liliane Bettencourt à l'insu du fisc et depuis revendue.
L'ancien commissaire aux comptes a déjà commencé à plaider au tribunal comment il a été "progressivement mêlé à tout cela", à régler ces questions d'argent dissimulé, alors que "ce n'était pas le contrat de départ", lui le très officiel directeur-général de la société Théthys, gérant les dividendes tirés par les Bettencourt du groupe de cosmétiques L'Oréal. Dans des enregistrements-pirates effectués par l'ex-majordome de la milliardaire, il a parlé d'opérations d'évasion fiscale.

  • Claire Thibout, ex-comptable en témoin-clef

Claire Thibout, ex-comptable de Liliane, sera mardi l'un des témoins-clefs de la semaine. Accusatrice principale de François-Marie Banier et Patrice de Maistre pour "les abus de faiblesse", c'est elle aussi qui a affirmé avoir remis début 2007 au gestionnaire, qui était, selon elle, "l'intermédiaire avec les politiques", 50.000 euros en liquide lesquels auraient été destinés à Eric Woerth, alors trésorier de campagne de l'ex-chef d'Etat Nicolas Sarkozy. Ce que tant Patrice de Maistre qu'Eric Woerth nient.
  •  Eric Woerth à la barre

Si Nicolas Sarkozy l'ex-chef de l'Etat, un temps mis en examen en 2013 pour "abus de faiblesse", a finalement bénéficié d'un non-lieu alors que la justice abandonnait le volet du dossier portant sur un financement politique occulte, Eric Woerth, lui, est resté, selon son avocat, un "oublié du non-lieu", en tout cas un prévenu marginal au procès. Assurément en terme de chiffres, si l'on compare le montant le concernant et les sommes faramineuses (plus d'un demi-milliard au total) sur lesquelles portent les chefs d'accusation.
Patrice de Maistre, en tout début de procès n'a fait nul mystère de son affinité politique avec l'UMP -- il est membre du "premier cercle" de donateurs -- ni de ses contributions, légales et transparentes, aux campagnes de Nicolas Sarkozy et Eric Woerth.

Claire Thibout, l'ex-comptable de 56 ans est en "bonne santé", quoique sujette à "des tensions anxio-dépressives"
Claire Thibout, elle-même mise en examen à Paris pour faux témoignages et attestation mensongères, sur plaintes de François-Marie Banier et Patrice de Maistre, avait transmis au tribunal de Bordeaux un certificat médical arguant d'une incapacité à témoigner.
Mais une expertise demandée par le président du Tribunal correctionnel, Denis Roucou, a jugé l'ex-comptable de 56 ans en "bonne santé", quoique sujette à "des tensions anxio-dépressives" et un "stress" directement lié à l'affaire. Elle sera donc entendue par visioconférence, l'expertise ayant estimé que venir à Bordeaux "pourrait être préjudiciable à sa santé".

En début de procès, la défense avait, en vain, saisi le tribunal d'un sursis à statuer, qui suspendrait le procès jusqu'à la fin de la procédure à Paris concernant Claire Thibout.
Témoin "fondamental" à charge mais à l'importance "démesurée" dans l'instruction, selon les avocats de la défense, elle sera donc confrontée, quoiqu'à distance, à ceux qu'elle accuse "d'abus de faiblesse". Un moment fort du procès sans doute, à défaut d'être forcément le moment-clef; les expertises médicales examinées la semaine prochaine détenant, elles aussi, de vraisemblables clefs


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