mardi 24 février 2015

Procès Bettencourt : vers la relaxe d'Eric Woerth

Au procès Bettencourt, l'avocat de l'ex-ministre UMP Eric Woerth a réclamé la relaxe de son client, qu'il estime comme une "anomalie" dans ce dossier.

Si l'avocat d'Eric Woerth a demandé la relaxe de son client, un de ses confrères a lui demandé au Tribunal correctionnel de Bordeaux de ne pas se laisser influencer par "la démesure de l'argent". Jean-Yves le Borgne, avocat d'Eric Woerth, s'est délecté de plaider en faveur d'un prévenu pour lequel le Parquet a requis la relaxe. "Il fallait peut-être que le dossier ressemblât à autre chose que ce qu'il tait vraiment (...) tant il est savoureux, croustillant, qu'il y ait un nom qui tout à coup surdimensionne le dossier", a-t-il ironisé.
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Prévenu secondaire parmi les dix hommes jugés dans ce volet "abus de faiblesse" de l'affaire Bettencourt, Eric Woerth, député de l'Oise, est poursuivi pour "recel" d'une somme qui lui aurait été remise alors qu'il était trésorier de campagne de Nicolas Sarkozy, par l'ex-gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre. L'ex-chef de l'Etat, mis en examen en 2013, a finalement bénéficié d'un non-lieu.

"Concomitance" n'est pas "causalité"

Pour "défendre un homme, un honneur", l'avocat s'est attaché à démonter les hypothèses de charges. "Recel de quoi ?", s'est-il interrogé, soulignant que diverses sommes avaient été évoquées, de 50.000 à 400.000 euros. Financement politique? "On a vérifié dans les comptes de campagne s'il y avait des dépenses couvertes par des fonds dont on ne connaît pas la nature, il n'en est rien. Dans les comptes d'Eric Woerth et de sa famille, rien !".
Recel d'un "abus de faiblesse", imputé à Patrice de Maistre ? Il a rappelé que son client ne connaissait pas alors la milliardaire et que son état de vulnérabilité lui était donc "totalement étranger".
Enfin, l'avocat a balayé les "coïncidences" entre deux rendez-vous entre MM. de Maistre et Woerth et le rapatriement de sommes depuis les comptes Bettencourt en Suisse.
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10 jours de ses revenus
Plus tôt, Me Benoît Chabert, conseil du notaire Patrice Bonduelle, poursuivi pour "complicité d'abus de faiblesse", a également plaidé sa relaxe, exhortant les juges à ne pas se laisser égarer par "la démesure de l'argent". Il a aussi relativisé les largesses prodiguées de Liliane Bettencourt, sommes vertigineuses évoquées depuis quatre semaines au procès : son budget annuel de vacances, a-t-il rappelé, était de 2,6 millions d'euros, ses dividendes annuels de quelque 360 millions d'euros.
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Les plaidoiries de la défense se poursuivent mardi, avec notamment les avocats de Pascal Wilhelm et de Martin d'Orgeval, compagnon du principal prévenu, François-Marie Banier, ex-confident de Liliane Bettencourt. Agée de 92 ans, la vieille dame est la grande absente du procès car souffrant de la maladie d'Alzheinmer et mise sous tutelle.

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