jeudi 5 février 2015

Saint-Cyprien : pots-de-vin contre œuvres d'art : un procès hors norme

Bouille, le maire (UMP) de Saint-Cyprien par qui le scandale est arrivé, ne sera pas jugé. Ce notable, élu depuis 1989, s'est suicidé en prison le 24 mai 2009, cinq mois après son arrestation. Il avait 62 ans. Mais il sera au cœur des débats du tribunal correctionnel, jusqu'au 27 février, lorsque 15 prévenus devront s'expliquer sur leurs errements supposés.
Il s'agit d'élus ou de fonctionnaires de la mairie, soupçonnés d'avoir aidé Bouille à accumuler les œuvres d'art, payées par la commune ou par des pots-de-vin de chefs d'entreprise. Il s'agit aussi de ces patrons poursuivis pour avoir payé en liquide ou en œuvres d'art leur «ticket d'entrée» aux marchés publics de la commune balnéaire.

7 M€ de tableaux achetés par la municipalité

Jacques Bouille, médecin et figure de l'UMP locale, avait attiré les soupçons en 2007 par la présence sur son compte de plus de 200 000 euros déposés en liquide. L'enquête devait révéler qu'entre 2002 et 2v008 son couple avait dépensé pour 925 000 euros en œuvres d'art.
Parallèlement, Bouille avait été mis en examen à l'époque pour avoir fait acheter par la municipalité, entre 2003 et 2008, pour environ sept millions d'euros de tableaux, statuettes, figurines japonaises ou tapis. Bouille devait répondre de blanchiment, corruption passive, trafic d'influence, prise illégale d'intérêts et entrave à la manifestation de la vérité. Sa veuve, Marie-Antoinette Alberny, sera au rang des prévenus pour recel et dissimulation de biens.

Corruption à grande échelle

Au-delà de la confusion que les Bouille sont accusés d'avoir pratiqué entre «patrimoine propre et bien public», l'accusation cible un «système de corruption» à Saint-Cyprien, dont le marché immobilier attirait les investisseurs. 15 personnes seront à la barre. Mais le plus gros dossier est celui de l'avocat et promoteur suisse Damien Piller. Il est poursuivi pour financement, à hauteur de 400 000 euros, de dix tableaux - dont des œuvres de Maurice Vlaminck, Gustave Loiseau et Bernard Buffet - contre des décisions propices à ses plans immobiliers.
Des errements qui ont coûté à St Cyprien, petite ville de 10 000 habitants, très cher. En 2006, elle accusait une dette de 42 M€, presque 4 500 € par habitant. Une partie significative des œuvres a disparu. D'autres ont été récupérées, non pas au musée mais au cabinet du maire, à son domicile ou même dans le poulailler de sa mère. La mairie de Saint-Cyprien est partie civile
http://www.ladepeche.fr/article/2015/02/04/2043250-saint-cyprien-pots-vin-contre-oeuvres-art-proces-hors-norme.html

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