lundi 30 mars 2015

Jugé pour avoir tué un cambrioleur de 17 ans, un buraliste plaide la légitime défense

Luc Fournié, 58 ans, s'est défini comme quelqu'un de "doux et mesuré" au premier jour de son procès pour meurtre, lundi, devant les assises du Tarn.

Il a souligné le caractère "sacré" de sa famille. Une famille avec qui il avait repris son établissement, devenue une scène de crime il y a six ans. Luc Fournié, patron d'un bar-tabac de Lavaur, dans le Tarn, a plaidé la légitime défense, lundi, au premier jour de son procès pour le meurtre d'un cambrioleur de 17 ans devant les assises du Tarn. L'homme de 58 ans avait lui-même appelé les gendarmes et les secours après avoir tué un jeune cambrioleur la nuit du 14 décembre 2009. Au tribunal, il est apparu très calme lundi et s'est défini comme quelqu'un de "doux et mesuré".
 
"Avec ma mère et ma soeur nous ne nous sommes jamais quittés", a indiqué à l'audience le buraliste. "Tout ce que nous entreprenons, c'est ensemble et c'est sacré", a-t-il ajouté d'une voix à peine audible. Il avait repris avec sa sœur aînée Isabelle un bar-tabac à Lavaur en 2003, après avoir codirigé avec elle une petite entreprise de torréfaction dans le Lot pendant vingt ans. La nuit du 14 décembre 2009, alerté par du bruit, il s'était rendu à l'étage de son établissement pour réveiller sa sœur et s'emparer d'un fusil de chasse.
 
Un fusil de chasse de calibre 12
Apercevant deux ombres dans son établissement, il avait ouvert le feu et abattu en pleine nuit Jonathan, lycéen de 17 ans, alors qu'il venait de rentrer par effraction dans son bar-tabac avec un autre adolescent, mineur lui aussi. Selon l'ordonnance de renvoi lue à l'audience, le jeune homme a été touché au ventre par un tir de fusil de chasse de calibre 12 à une distance de 1 mètre à 1,50 mètre. Jonathan s'était effondré et Luc Fournié avait ensuite tiré un autre coup de fusil en direction du deuxième cambrioleur qui tentait de s'échapper. Le buraliste n'avait pas allumé la lumière avant d'ouvrir le feu sur les deux adolescents.
 
La présidente de la cour d'assises, Corinne Chassagne, a rappelé que le juge d'instruction avait rejeté le principe de légitime défense invoqué par Luc Fournié. Pour le juge, les mesures prises par le buraliste ont été "à l'origine du danger dans lequel il s'est trouvé". Alerté par sa sœur, peu avant le drame, que les barreaux d'une fenêtre du bar-tabac avaient été sciés, il avait installé "un système d'alerte" : un fil de pêche tendu entre des chaises devait lui permettre d'entendre les cambrioleurs. Il avait par ailleurs récupéré le fusil de chasse paternel dans sa maison du Lot et s'était procuré des cartouches le week-end précédent le drame.
 
"J'ai eu peur qu'on s'en prenne à ma famille"
L'arme, chargée, était conservée à l'étage où dormaient sa mère, sa sœur et son neveu, tandis qu'il avait installé un lit de camp au rez-de chaussée de l'établissement. "J'ai eu peur qu'on s'en prenne à ma famille", s'était défendu Luc Fournié lors de son expertise psychologique. "Je ne me sens pas coupable et je referai la même chose dans les mêmes conditions", avait-il alors ajouté. L'avocat de la partie civile, Me Simon Cohen, a souligné que de tels propos démontrent que le buraliste vauréen n'éprouve "pas de réel sentiment de culpabilité". L'audition de nombreux témoins est prévue d'ici mercredi pour permettre aux jurés de se prononcer sur l'argument de la légitime défense, qui disculperait l'accusé si elle était finalement retenue.
 

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