vendredi 24 avril 2015

Besançon : procès d’un coup de volant mortel sous alcool

« TOUT LE MONDE peut commettre une faute d’inattention ou une imprudence qui peut avoir des conséquences dramatiques », relève le procureur. Avant de marteler : « Mais là, ce qui choque et révolte, c’est que la mort aurait pu et dû être évitée. »
Il est environ 6 h ce dimanche 8 avril 2012. Deux jeunes qui viennent de quitter la discothèque Le Monte Christo 3, à La Vrine, marchent le long de la route en direction de Pontarlier. Surgit une voiture avec six personnes à bord.
Le conducteur, qui roule avec quelque 2,40 g d’alcool dans le sang, vient de réaliser qu’il roule à contresens. Il donne un coup de volant, la voiture empiète sur l’accotement et vient frôler l’un des piétons avant de faucher le second.

Le véhicule ne s’est pas arrêté

Rapidement sur les lieux, les sapeurs-pompiers ne pourront ramener à la vie le jeune homme dont le corps va être retrouvé à plusieurs mètres du point d’impact.
Le véhicule en cause, lui, ne s’est pas arrêté. Du moins pas immédiatement. Il faudra que les trois auto-stoppeurs à bord se rebellent et crient au chauffeur de s’arrêter pour qu’il accepte de les faire descendre à 800 m des lieux du drame. Si ces derniers tenteront d’aller porter secours à la victime, les trois copains restés dans le véhicule rentreront chez eux.
Les deux passagers se présenteront d’eux-mêmes quelques heures plus tard à la gendarmerie. Il faudra en revanche aller chercher à son domicile le conducteur, Franck Goillerey, 28 ans à l’époque, qui renâclera à suivre les hommes en uniforme.

« Irresponsabilité, lâcheté, égoïsme démesuré »

« Je n’étais pas mature, je n’avais pas le sens des responsabilités », explique ce dernier face aux juges. « C’est bien le problème de ces accidents-là », souligne le président Pernot, « la prise de conscience n’arrive qu’après. »
Représentant les proches et amis de la victime, Mes Serri et Pillot-Quenot fustigeront « l’irresponsabilité, la lâcheté et l’égoïsme démesuré » tant du conducteur que de ses deux passagers, poursuivis, eux, pour non-assistance à personne en danger.
Le parquet préconisera d’infliger douze mois dont six avec sursis et mise à l’épreuve à ces derniers et quatre ans dont deux avec sursis et mise à l’épreuve pour le conducteur, déjà condamné à quatre reprises, dont deux pour conduite en état alcoolique. Plus une annulation du permis avec cinq ans avant de pouvoir le repasser.

Trente mois ferme pour le conducteur

Côté défense, Me Bocher-Allanet pour les deux passagers et Me Weiermann pour le conducteur parleront de « panique » au moment des faits et affirmeront qu’aujourd’hui, « ils font profil bas et n’oublieront jamais ».
Le tribunal a condamné Franck Goillerey à trois ans de prison dont six mois avec sursis et mise à l’épreuve puis annulé son permis avec interdiction de le repasser avant trois ans. Les deux passagers écopent chacun de neuf mois avec sursis et mise à l’épreuve. Avec pour tous trois l’interdiction de fréquenter les débits de boisson et l’obligation de travailler, de se soigner et d’indemniser les victimes.
Avant que les juges ne partent délibérer, chacun avait fait part de sa « honte » et de son « sentiment de lâcheté ». Le conducteur concluant : « Je sais que c’est impardonnable et injustifiable ».

http://www.estrepublicain.fr/edition-de-besancon/2015/04/23/besancon-proces-d-un-coup-de-volant-mortel-sous-alcool

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