samedi 25 avril 2015

Capvern. Responsable de la mort de sa compagne

André Goncalvès a d'abord adopté à la barre une attitude assez désagréable, au point d'être rappelé à l'ordre par la présidente : «Vous paraissez très ennuyé d'être là. Vous soupirez, vous soufflez, vous faites la moue. Sortez les mains de vos poches et tenez-vous correctement !» Au fur et à mesure que l'audience va se dérouler, le jeune homme va s'effondrer et finira par se mettre à pleurer doucement. En face de lui, une jeune femme, encadrée par deux retraités : la sœur et les parents de Céline, la compagne d'André. Le 22 décembre dernier, André et Cécile se rendent à Toulouse, avec une petite remorque attelée derrière leur voiture.
André double une voiture dans la rampe de Capvern, sur l'A64, puis se rabat brusquement et file vers la voie de droite, celle des véhicules lents. Un camion y circule et soudain, avec la remorque, c'est le choc, extrêmement violent. Les témoignages décrivent tous cette brusque manœuvre de rabattement. «Que s'est-il passé ?» interroge la présidente. «Je ne sais plus, j'ai doublé et après, plus rien. C'est le trou noir. J'ai cherché ma femme partout. C'était ma femme. Ma femme… Elle était enceinte d'une semaine.» «Votre permis avait été annulé. Comment se fait-il que vous rouliez ?» «Avec mon permis portugais, je l'ai toujours, il est valable.» Pour le procureur Jardin, la faute de conduite est évidente. D'autant plus évidente que le casier est déjà lourd : 4 condamnations, toutes liées à la route : vitesse et alcool. Pour la défense, au contraire, rien n'est vraiment prouvé et aucune faute n'est caractérisée : «On aurait pu faire des expertises : on n'arrive pas à savoir, rien n'est posé dans ce drame. En cas de doute, la règle à appliquer est simple. Quant à son attitude à la barre, elle n'est qu'apparence : il est terriblement meurtri et portera cette responsabilité toute sa vie. Même le conducteur le plus chevronné peut se retrouver dans cette situation. Je vous demande une décision juste et humaine».
À la fin de l'audience, la mère de Céline va s'approcher et prendre son gendre dans ses bras, pendant que le père lui met la main sur l'épaule : «Pour nous, est venue dire la sœur, il n'y a pas d'infraction, ni vitesse ni alcool. Nous n'avons pas voulu nous porter partie civile : la colère et la douleur ne nous la rendront pas». Le tribunal a reconnu André responsable de l'accident et l'a condamné à 18 mois de prison avec sursis, interdiction de conduire tout véhicule terrestre à moteur en France pendant 18 mois.

http://www.ladepeche.fr/article/2015/04/25/2093717-responsable-de-la-mort-de-sa-compagne.html

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