Dur moment pour les jurés de la cour d’assises de Nancy. La suite a été un peu moins pénible.
Elle a été essentiellement consacrée à la survivante de la tuerie de Tucqugnieux. L’accusé a en effet épargné une victime dans la terrible nuit du 4 au 5 juin 2011 : sa fille de 6 ans, Nadia*, issue d’une précédente union. Il lui a infligé des sévices sexuels. Mais il ne lui a pas ôté la vie. La fillette, aujourd’hui âgée de 10 ans, n’est pas présente au procès. Elle n’est pas venue témoigner à la barre. Les jurés ont toutefois eu droit au visionnage éprouvant de l’enregistrement de son audition par les gendarmes, au lendemain de la tragédie. Cela s’est déroulé lundi, en fin de journée, à huis clos. Tout le reste du procès est en revanche public.
Ce mardi, c’est la maman de Nadia qui est venue déposer à la barre. Un témoignage à charge contre l’accusé : « Qu’il ait tué sa femme, je m’y attendais presque ! C’est ce qu’il a fait aux deux petites qui m’a choquée ! » Davy T. était en effet jusque-là un père modèle avec les enfants. En revanche, la mère de Nadia est bien placée pour savoir qu’il peut être violent, très violent, avec les adultes.
Lorsqu’ils vivaient ensemble, il a piqué deux crises sous l’effet de l’alcool. La première fois, « il m’a pris par le cou et a réussi à me soulever avec une seule main. Je ne sais pas comment il a fait », raconte l’ex-compagne qui à l’époque pesait plus de 100 kg.
La deuxième fois, l’accusé a tenté de la violer. Mais elle a résisté et réussi à s’en sortir. Cela a été la fin de leur couple.
Une « bombe » à retardement
A la barre, la mère de Nadia parle également de sa petite fille. Toujours choquée par ce qu’elle a vécu dans la maison de son père à Tucquegnieux. Il y a les abus sexuels. Mais aussi la vision du corps de sa demi-sœur et de sa belle-mère. Ce que l’enfant a enduré est tellement pénible qu’elle n’arrive pas à en parler. Ni à sa mère. Ni au psy qui la suit. Elle refoule tout. Et en apparence, « C’est une petite fille qui va relativement bien », note l’expert-psychologue qui l’a examinée. Mais il craint qu’elle craque plus tard. L’avocate de la partie civile, Me Fatima Lagra, évoque une « bombe » à retardement.Il y a d’ailleurs déjà des symptômes inquiétants, selon sa maman : des crises de somnambulisme, des pleurs avant de s’endormir, des cauchemars fréquents ou encore une prise de poids.
Le peu de fois où l’enfant a évoqué les faits, elle a insisté sur une question lancinante qui lui ronge l’esprit : « Du haut de ses 6 ans, elle m’a demandé : pourquoi papa ne m’a pas tuée ? » indique sa mère. « C’est vrai que la question se pose ! » constate la présidente Thouzeau.
Elle devrait être posée ce mercredi après-midi à l’accusé, lors de son interrogatoire sur les faits. En attendant, Davy T. a dû encaisser un ultime témoignage à charge. Celui de son frère aîné.
Lors de l’instruction, l’accusé a soutenu qu’il aurait abusé sexuellement de lui dans leur jeunesse. « C’est du délire ! C’est lamentable ! C’est de pire en pire ! » a réagi, abasourdi, le frère. Qui a contre-attaqué concernant les crimes commis par son cadet : « On peut pardonner beaucoup de choses. Mais une horreur pareille… Je ne peux pas ».
* Le prénom de l’enfant a été modifié
http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2015/04/01/pourquoi-papa-ne-m-a-pas-tuee
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