mercredi 1 avril 2015

Palmier admet "une part de responsabilité" dans un des assassinats du "tueur de l'Essonne"

Yoni Palmier n'a pas tué, mais il a "laissé faire" par d'autres, dit-il, admettant "une part de responsabilité" dans le premier des quatre assassinats dont il est accusé.
Il n'a pas tué, mais il a "laissé faire" par d'autres, dit-il, admettant "une part de responsabilité" dans le premier des quatre assassinats dont il est accusé. Première brèche mardi, dès l'ouverture du procès du "tueur de l'Essonne", dans la fragile défense d'Yoni Palmier. "J'ai connu une succession de harcèlements et d'agressions. Et à un moment donné de ma vie, j'ai pris contact avec certaines personnes, qui ont commis ces crimes", reconnaît l'accusé devant la cour d'assises d'Evry. "Ils m'ont proposé, moi j'ai adhéré." En question, quatre personnes tuées de sang-froid d'au moins une balle dans la tête, entre novembre 2011 et avril 2012, dans un rayon de cinq kilomètres dans l'Essonne. L'idée de ces quatre "complices", dont il refuse par peur de "donner le blaze", était d'abord de "casser les os" de ses agresseurs. Mais "on ne les a pas trouvés". "A force qu'on ne trouve pas les personnes qu'on recherchait, plus mes plaintes qui n'aboutissaient pas, ça a fini dans un délire de ce genre", explique-t-il. "De partir et de faire une atrocité."

Le président tente un résumé: "Vous tombez d'accord pour vous en prendre à des gens, d'abord les auteurs des injustices, puis la première personne qui vient, l'important étant que ce soit dans l'Essonne?" Il acquiesce.  "Je me sens responsable aujourd'hui, parce que j'ai laissé faire (...) Au moins un, ouais, c'est de ma faute (...) Après, c'est parti en couille."  Ses doigts agrippés au muret en bois qui délimite son box, sur lequel il avait d'abord écouté, avachi, le président résumer les faits, il tente de tenir le cap face aux avocats des parties civiles, qui l'observent parfois avec consternation broder autour de sa ligne directrice, puis se contredire, s'énerver, soupirer, jouer l'insolent et finir par fuir les questions pressantes.  Pourquoi Nathalie Davids, la première victime, retrouvée dans un parking abattue de plusieurs balles? "Je ne sais pas." Comment ont été choisies les victimes ? "Je sais pas." Pourquoi son seul ADN sur l'arme commune aux quatre assassinats, retrouvée chez lui? "Je n'ai pas de réponse." Un avocat fulmine: "Est-ce qu'on peut avoir ne serait-ce qu'un début d'explication crédible?". Il regarde ailleurs, silencieux.

Une autre évoque une expertise psychiatrique troublante ordonnée par le président après l'instruction et reçue à la veille du procès par les parties civiles. "Ayant un fort tempérament, j'ai préféré tuer, me soulager et régler mes problèmes", y explique Yoni Palmier au sujet du meurtre de Nathalie Davids. Sans doute un document-clé, mais qui ne sera pas détaillé avant l'audition du psychiatre concerné, le 14 avril. L'accusé avait timidement débuté la journée en affirmant, la tête dans les épaules, ne pas être "l'auteur des assassinats", avant de laisser entrevoir un tempérament plus instable et querelleur.

Anxieux au moment d'évoquer son "père absent" et son "assez bonne relation" avec sa mère, il se ferme soudainement: "Nos relations entre moi et ma famille ne regardent que moi, surtout concernant ma mère!" Il accepte ensuite de parler de son unique "petite copine", Valérie, une relation d'un an "un peu merdique", interrompue parce qu'il en avait "marre du sexe". Une relation homosexuelle, aussi, avec un voisin: "Une expérience, c'est tout, sans que ce soit quelque chose de très profond et très crade --pour être clair avec vous-- qui nous offense et nous emmerde profondément".  Yoni Palmier aime alterner les registres: d'un côté une pensée claire au vocabulaire élaboré, de l'autre des déclarations insensées et inaudibles, qui laissent la salle interloquée. "Quand je dis j'ai pas envie d'en parler, j'en parle pas!", lance-t-il une fois sa limite atteinte
 

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