vendredi 26 juin 2015

Infanticide à Villers : 12 ans pour le « couple infernal »

Je regrette ce que j’ai fait à ma fille, Maé… car je l’aimais », pleure Charles Dédenon. A ses côtés dans le box de la cour d’assises de Nancy, son ex-compagne et mère de la petite Maé, Aurélie Schmaltz est, elle, murée dans le silence. Incapable de s’exprimer. Il y a pourtant urgence. Dans quelques minutes, ce jeudi, les jurés vont se retirer pour statuer sur son sort et celui de son ancien conjoint. Mais rien n’y fait. Cette jeune femme de 26 ans ne parvient pas à parler.
Durant les quatre jours qu’a duré son procès, elle est restée bloquée, tétanisée, quasi muette. Prisonnière d’un QI de 53 et de l’horreur des faits qu’elle a commis avec son ancien conjoint.
Tous deux sont accusés d’avoir, dans leur appartement de Villers-lès-Nancy, martyrisé jusqu’à la mort Maé, leur petite fille de 2 mois. La veille, l’avocat général, Jacques Santarelli a mis sur un pied d’égalité le père et la mère, décrit comme « un couple infernal » par une psychologue. Le magistrat a réclamé la même peine contre les deux : 15 ans de réclusion.
Du côté de la défense, les avocates ont, à l’image de leurs clients, tendance à se tire dans les pattes. « Aurélie a reconnu des claques sur les fesses et dans le dos de son bébé ainsi qu’avoir mis sa main sur sa bouche lorsqu’il pleurait. Ce sont des actes d’énervement. Alors que les morsures et les torsions de jambe qu’a infligées Monsieur Dédenon à l’enfant sont des actes de violence et de perversité », attaque Me Constance Pollet, pour la mère.
L’avocate réclame carrément l’acquittement pour ce qui est des « violences ayant entraîné la mort sans avoir l’intention de la donner ». Car, selon elle, ce n’est pas sa cliente qui a secoué le bébé le 9 février 2010. Or ce sont ces secouements qui ont causé son décès.
« Tous deux ont secoué Maé ce jour-là. On ne peut donc pas scinder le sort des parents. Si vous baissez la peine pour madame, vous devez le faire pour monsieur », contre-attaque, au nom du père, Me Laurence Charbonnier.

Pas de « permis de procréer »

En revanche, les deux avocates partagent la même analyse des causes du drame. Selon elles, les accusés, tous deux intellectuellement limités et immatures, n’auraient jamais dû avoir d’enfant. « Il y existe un permis pour conduire mais aucun pour engendrer. On voit ce que ça donne ! », lâche Me Charbonnier qui n’y va pas par quatre chemins.
Plus soft, sa consœur Me Pollet met en avant l’absence de « soutien familial » autour du couple qui s’est replié sur lui -même et s’est retrouvé démuni avec son enfant. Il y a aussi une absence de soutien institutionnel. Car la mère a pu quitter très tôt l’hôpital après l’accouchement et elle a ensuite maltraité son enfant quasi quotidiennement avec son compagnon. « Sans que personne ne voit rien », s’étonne Me Charbonnier.
Une pédiatre de Villers qui a examiné trois fois le bébé, n’a en particulier « rien constaté d’anormal », comme elle l’a expliqué, mal à l’aise, lors de son passage éclair à la barre des témoins mercredi.
C’est l’élément le plus étonnant et le plus incompréhensible de cette affaire glauque. Cela n’efface pas la culpabilité des parents. Verdict : 12 ans de réclusion pour les deux.

http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2015/06/25/infanticide-a-villers-12-ans-pour-le-couple-infernal

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