jeudi 18 juin 2015

Meurtre du chantier : trente ans de réclusion pour l'ouvrier

Les dénégations d'Helder Barbosa n'ont pas convaincu. Hier, la cour d'assises de Haute-Garonne a condamné cet ouvrier portugais de 34 ans à 30 ans de réclusion criminelle pour le viol et le meurtre de Malika Karimi, le 5 février 2012. Le corps de cette mère de famille de Saint-Gaudens avait été retrouvé dans la neige, partiellement dévêtu et couvert d'ecchymoses, dissimulé sur le chantier de construction où était employé Barbosa à Villeneuve-de-Rivière.
La cour a suivi les réquisitions de l'avocat général Bertrand Baboulenne, qui avait également réclamé une interdiction de territoire national. Hier matin, le représentant du parquet s'était méthodiquement attaché à démontrer que la «relation consentie» et l'absence d'intention homicide soutenues par l'accusé ne relevaient pas du «bon sens». Helder Barbosa et Malika Karimi s'étaient rencontré de manière fortuite à Saint-Gaudens le soir précédent le drame. La quadragénaire, décrite comme amicale et fêtarde, avait passé la soirée avec lui. D'abord au bar puis en boîte à Villeneuve-de-Rivière. En sortant, très alcoolisés, ils n'avaient pas trouvé de véhicule pour rentrer à Saint-Gaudens. «Selon les témoins, elle tapait sur les capots des automobilistes. Preuve qu'elle voulait rentrer chez elle !»
Pour l'homme, qui n'a pas varié de version au cours du procès, elle lui avait à ce moment-là proposé une relation sexuelle, et il l'avait conduite au chantier non loin de là. «La scène s'est passée par -14 °C, dans un local ouvert à tout vent, sans électricité. Il fallait vraiment qu'elle le veuille…», a ironisé l'avocat général. Puis il a décrit «l'horreur» de la scène de crime, les touffes de cheveux de la victime retrouvées à l'entrée du chantier, les morceaux de manteau arrachés, son pantalon déchiré. «Les violences ont commencé dès l'arrivée sur le chantier. Elle résiste, lui est un homme ultraviolent quand il a bu.»
La défense, assurée par Me Billaud et Me Pujol-Reversat, a bien tenté d'insufler le doute. «Quand ils ont quitté la boîte, les témoins les voient ensemble, lui la tenant par les épaules, elle par la taille. Ils étaient ivres tous les deux, pas dans leur état normal. Et s'il disait vrai ? Une relation consentie, puis une dispute qui a mal tourné ? La victime est décrite par ses proches comme quelqu'un au fort caractère, buvant parfois plus que de raison. Et à l'examen de son corps, on ne trouve pas de lésion de défense sexuelle.» Ils ont demandé l'acquittement pour le viol, et la requalification du meurtre en «violences volontaires sans intention de donner la mort». La cour a pris le temps de mûrir sa décision : quatre heures de délibération. Le «bon sens» mis en avant par l'avocat général a finalement fait mouche.

http://www.ladepeche.fr/article/2015/06/18/2126980-meurtre-du-chantier-trente-ans-de-reclusion.html

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