mercredi 10 juin 2015

Près de 30 ans après, le meurtre d'une des "disparues de l'A6" aux assises

Le meurtrier présumé de Christelle Maillery, tuée de 33 coups de couteau en 1986 au Creusot en Saône-et-Loire, la première des "disparues de l'A6", doit comparaître à partir de mercredi devant la cour d'assises de Saône-et-Loire.
Le meurtrier présumé de Christelle Maillery, tuée de 33 coups de couteau en 1986 au Creusot en Saône-et-Loire, la première des "disparues de l'A6", doit comparaître à partir de mercredi devant la cour d'assises de Saône-et-Loire. Le 18 décembre 1986, le corps de cette collégienne de 16 ans est retrouvé, quelques heures après sa disparition, dans une cave du Creusot. C'est le premier d'une série de meurtres de jeunes filles non élucidés dans les années 1980 et 1990 en Saône-et-Loire, connue sous le nom des "disparues de l'A6".
 
Faute d'éléments, un non-lieu est prononcé en 1990. Puis les scellés sont détruits au début des années 2000. L'association "Christelle", qui regroupe une partie des familles des "disparues de l'A6", fait alors appel à un détective privé qui réétudie "l'environnement de la victime, donnant une vraie orientation d'enquête", selon l'avocate des parties civiles, Me Corinne Herrmann. La justice rouvre le dossier en 2005.
Le nom de Jean-Pierre Mura, qui fait de fréquents séjours en hôpital psychiatrique en raison de sa schizophrénie, "revenait régulièrement dans le dossier et son comportement était suspect", explique le président de l'association, Bernard Hommey. "M. Mura s'est accusé du crime à plusieurs reprises dans les années 1990 et 2000 mais on le prenait pour quelqu'un qui s'inventait des histoires", ajoute Me Herrmann, en précisant que le suspect n'était "pas malade à l'époque" des faits. Au Creusot, la victime pouvait en outre croiser le suspect, qui habitait cette même ville, selon l'avocate.
En décembre 2011, M. Mura, qui séjournait dans un centre psychiatrique, est auditionné puis mis en examen du meurtre de Christelle Maillery, presque 25 ans jour pour jour après les faits, après "une série de recoupements, de coïncidences troublantes et de témoignages", indique à l'époque le procureur de Chalon-sur-Saône, Christophe Rode. Mais l'homme nie les faits devant les enquêteurs et le juge.
"Urgence à traiter les dossiers anciens"
En raison de son état de santé, le quadragénaire est placé sous contrôle judiciaire avec obligation de séjourner à l'unité psychiatrique de l'hôpital de Sevrey (Saône-et-Loire). Une expertise psychiatrique conclut à une possible altération de son discernement au moment des faits. Selon son avocat, Me Michel Grebot, l'accusation relève d'"une construction": son client conteste notamment des aveux rapportés par l'ancien petit ami de la victime, ainsi qu'une autre déclaration de culpabilité qu'il aurait faite "en pleine crise" de schizophrénie. Pour Me Grebot, ce procès aboutira à ce que M. Mura soit déclaré "innocent".
Le 18 septembre 2014, le suspect avait été considéré comme évadé pour avoir quitté le centre psychiatrique pendant plusieurs heures. Il avait ensuite été écroué. Ce même jour, un autre dossier des "disparues de l'A6", celui du meurtre de Christelle Blétry en 1996, connaissait un tournant avec l'interpellation d'un quinquagénaire grâce à de nouvelles expertises ADN. "On espère que ce n'était qu'une coïncidence", pointe Bernard Hommey.
L'association qu'il préside milite pour que la justice "se donne les moyens" et que "tous les dossiers avec des scellés fassent l'objet d'expertises ADN". "Comme le dossier Blétry, d'autres pourraient avoir un coup de +booster+ et, au bout de 20 ou 25 ans, arriver à quelque chose", souligne Bernard Hommey. "Contrairement à ce qu'on pourrait penser, trente ans après, (les suspects) ne sont pas des vieillards mais des hommes d'environ 50 ans et donc on pense qu'il y a urgence à traiter les dossiers anciens", appuie Me Herrmann. Ancien métallier, handicapé à cause de sa schizophrénie, M. Mura encourt 30 ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu au plus tard le 19 juin.
 

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