mardi 21 juillet 2015

«La place était pleine de monde, mais personne ne m'a aidé»

«J'ai entendu crier, j'ai vu le couteau. J'ai eu peur. Pour moi et pour le client qui était avec moi.» De la voix du commerçant perce encore l'émotion, cinq jours après les faits. Sur sa joue droite, une large ecchymose. «Son visage est à lui seul une plaidoirie», souligne son avocate Me Élodie Bayer.
Jeudi dernier, le gérant de la supérette Spar de la place de la Patte-d'Oie, à Toulouse, a été victime en pleine journée d'un vol d'une rare violence. Son agresseur était renvoyé hier en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel.
Il était 16 heures, ce jour-là, quand un jeune homme a déboulé comme un dément dans le Spar en brandissant un couteau de boucher. «J'ai saisi son bras et je l'ai poussé hors du magasin pour que le client soit en sécurité», se souvient le commerçant à l'audience. Il est alors parvenu à désarmer son agresseur, mais a perdu l'équilibre. Sur le trottoir, il a reçu des coups de pied en pleine tête. «La place était pleine de monde, mais sur le coup personne n'est venu m'aider», regrette le commerçant. L'agresseur s'est alors de nouveau rué dans la supérette pour subtiliser la caisse. Il sera finalement rattrapé par la police, prévenue par des témoins de la scène. Sur lui, un maigre butin de 80 euros.

«Il hurlait, il bavait»

Dans le box des accusés, un jeune homme maigre, nerveux. «Je regrette, mais j'étais pas dans mon état normal…» Marc, 21 ans, explique qu'il est passé à l'acte parce qu'il «devait 500 euros à des personnes de Lyon, pour des dettes de stups». Le jeune homme, atteint de graves troubles du comportement, admet ensuite qu'il ne prenait plus son traitement «depuis trois mois». Aussi son avocate, Me Stéphanie Boscari, s'insurge-t-elle en entendant le procureur demander à son encontre «sept ans de prison, dont deux avec sursis et mise à l'épreuve». «Je ne minimise pas les faits. Mais le tribunal ne dispose pas des documents médicaux nécessaires pour que mon client soit jugé. Comment on peut faire comparaître cet homme sans des éléments sur sa pathologie ?» Le jeune homme, qui vit dans l'Est de la France, est placé sous curatelle renforcée. Mais son curateur n'a pu être joint en personne. «Là, il apparaît sous un bon jour, parce qu'on lui a fait reprendre son traitement depuis son interpellation. Mais quand je l'ai rencontré en garde à vue, il hurlait, il bavait. Lors des faits, son discernement était altéré.» Elle demande un complément d'information et le renvoi de l'audience à une date ultérieure. Elle l'obtiendra, le tribunal renvoyant finalement l'affaire au 7 août prochain.

http://www.ladepeche.fr/article/2015/07/21/2147247-place-etait-pleine-monde-personne-aide.html

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