Dominique Cottrez va connaître sa peine aujourd'hui. Le verdict dans le procès de cette femme, accusée d'avoir tué huit nourrissons à leur naissance après avoir caché ses grossesses est attendu dans la soirée. "Je vous demande une peine équilibrée, suffisamment sévère mais suffisamment empreinte d'humanité", a déclaré mercredi Eric Vaillant, à l'issue d'un réquisitoire à deux voix -avec la magistrate Annelise Cau-, qui a duré un peu plus d'une heure demie devant la cour d'assises du Nord.
Dans sa quête d'une peine juste, l'avocat général a accordé "ce que l'ancien code pénal appelle les circonstances atténuantes" à l'accusée."Vous allez prendre en compte la personnalité de Dominique Cottrez, son hyper-fragilité, le fait qu'elle soit hyper-névrosée, vous allez retenir ses conditions de vie, ses troubles psychiques", a expliqué le magistrat en s'adressant directement au jurés. Tout en ajoutant immédiatement qu'en droit pénal, "l'extrême souffrance ne peut absolument pas être une excuse".
Sept préméditations retenues
L'avocat général a également indiqué avoir appuyé sa décision sur de précédents jugements, notamment l'affaire Lesage dans la Manche, où une mère a été condamnée à 15 ans de prison pour six infanticides. "L'explication d'inceste nous rassurait, mais nous endormait aussi", a souligné Eric Vaillant, revenant sur le rebondissement le plus spectaculaire du procès qui a vu Dominique Cottrez revenir sur ses accusations contre son père. Le parquet a retenu la préméditation pour sept des infanticides, mais, dans le doute, a considéré le premier cas comme un simple meurtre. Des actes "accomplis avec une certaine détermination, pleine conscience, organisation et sang-froid malgré tout", a noté de son côté Annelise Cau.
"Ces crimes, au plus ils se perpétuent, au plus ils deviennent inhumains" a poursuivi la magistrate, observant que de nombreuses questions restaient en suspens. Qui a enterré les deux premiers corps? Pourquoi personne ne voit rien? "C'est vrai en général, les maris ne voient pas", a-t-elle répondu. En introduction du réquisitoire, Eric Vaillant avait donné pour la première fois les prénoms donnés, récemment par la loi, aux huit nourrissons: Xavier, Hubert, Fleur, Ingrid, Alphonse, Mariette, Blandine, Judith, "une occasion de penser un peu différemment à ces bébés nés, ces bébés assassinés".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire