vendredi 7 août 2015

Tristan et Isolde : un incident, une plainte et des questions

L'incident de décor qui s'est produit lors de la première de Tristan et Isolde, fin janvier, au Théâtre du Capitole, aurait pu rester une anecdote malheureuse. Côté public, il était presque passé inaperçu. «C'était un décor très dépouillé. À la fin du troisième acte, le ténor, couché, chante sa mort. Il avait cette grosse météorite qui descendait sur lui. Mais elle était vraiment descendue sur lui, au point qu'il avait dû ramper à côté, de manière discrète, sans s'arrêter de chanter», se souvient une spectatrice. L'élément de décor aurait dû s'arrêter à 25 cm du chanteur. Mais, pour une raison alors inexpliquée, il avait poursuivi sa chute. La Ville de Toulouse, propriétaire du théâtre, avait à l'époque évoqué un problème technique. Contactée hier, la municipalité confirme que des «dysfonctionnements techniques», liés au système entièrement informatisé de manipulation des décors, s'étaient produits «à plusieurs reprises» et qu'à ce moment-là, l'incident de la pierre n'en semblait qu'un parmi d'autres.
C'était sans compter sur une expertise diffusée par la société australienne qui a développé le système informatique. Celle-ci fait état d'une intervention humaine, peu après 18 heures, la veille de la première. Une modification de la programmation faisant descendre le caillou 60 cm plus bas qu'il ne devait.
Le théâtre du Capitole a par conséquent mené sa propre enquête auprès de ses employés. Six machinistes étaient capables d'une telle manipulation, mais seul un n'avait pas d'alibi à l'heure indiquée par la société. La Ville a finalement porté plainte contre cet homme, qui a été renvoyé ce mercredi devant le tribunal correctionnel pour «modification frauduleuse de données contenues dans un système de traitement automatisé» et «entrave au fonctionnement» dudit système.
Devant la complexité du dossier, perdu au milieu des audiences de comparutions immédiates, le tribunal a néanmoins décidé de renvoyer l'affaire au 18 janvier prochain. Un dossier jugé «très mince» par le président et parsemé de «zones d'ombre». «Ni le ténor, ni l'opérateur en charge du spectacle le jour de la première n'ont été entendus», a-t-il fait remarquer mercredi à l'audience. Le machiniste, lui, clame son innocence.
Or, on ne trouve dans le dossier aucun autre élément, sinon le rapport de la société australienne, venant étayer la thèse de l'intervention humaine. Hier, la Ville de Toulouse n'a pas souhaité faire de commentaire, indiquant qu'elle «laissait la justice suivre son cours». Prochain acte le 18 janvier 2016.

http://www.ladepeche.fr/article/2015/08/07/2156270-tristan-et-isolde-un-incident-une-plainte-et-des-questions.html

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