vendredi 18 septembre 2015

Homicide en Gironde : une reconstitution judiciaire sous tension

A 19 heures tapantes hier soir, le quartier Favols de Carbon-Blanc a été bouclé par 200 gendarmes, sous les ordres du colonel Ghislain Rety, commandant du groupement de gendarmerie de la Gironde. Ces moyens impressionnants ont été mis en place pour la reconstitution judiciaire liée à l'homicide de Bras Batista, 23 ans, survenu le 31 août 2013. Ils ont été pris en raison de la forte tension entre la famille de la victime et celle de José-Antonio Claveria, poursuivi, avec trois de ses fils, pour avoir tiré les deux coups de feu mortels et qui, comme le veut la loi, bénéficie de la présomption d'innocence
Mercredi soir, la famille de Bras Batista est venue aux abords de la reconstitution pour dire une nouvelle fois sa douleur. Au rond-point près de la brigade de gendarmerie, en haut de l'avenue André-Vignau-Anglade, une gerbe de fleurs et un panneau avec des inscriptions ont été déposés. « Le mal qui a été fait à Bras ne s'enlève pas de nos cœurs, est-il écrit. La douleur de nos cœurs est indicible. Nous demandons qu'enfin la justice soit faite, que les assassins soient punis. »
Le nom de la famille Claveria est mentionné sur ce panneau. Plus bas sur l'avenue, à proximité du lieu où les coups de feu ont été tirés, une photo en grand format de Bras Batista, entourée de fleurs, a été accrochée au poteau d'un panneau de signalisation. Vers 21 heures, le magistrat instructeur, les avocats, José-Antonio Claveria et ses fils, ainsi que les différents témoins arrivent sur les lieux. La reconstitution peut commencer. Chacun sait que la nuit sera longue.
Cette reconstitution vise à retracer les différents moments de ce drame qui s'est déroulé le 31 août 2013, vers 23 h 30.
Il y a beaucoup de monde ce soir-là à Carbon-Blanc qui vit à l'heure de sa fête locale. Hélène Segara chante sur la scène dressée au parc Favols, lorsqu'une bagarre éclate à environ 200 mètres de là, rue Jean-Raymond-Guyon. Elle oppose des membres de la famille Batista, venus de Lormont pour se rendre à la fête, à la famille Claveria, qui habite sur place. Soudain, des coups de feu claquent. Peu après, une voiture remonte à vive allure l'avenue André-Vignau-Anglade et stoppe au rond-point suivant. Les occupants du véhicule sortent un corps qu'ils allongent sur la chaussée. Celui de Bras Batista, sans vie. Ses proches voulaient le conduire en urgence à l'hôpital mais ont vu qu'il était trop tard.

Deux thèses opposées

Rapidement, l'enquête s'oriente vers José Antonio Claveria et ses fils. Très vite après les faits, ils ont choisi de partir en Espagne. Quelques mois plus tard, le 7 mars 2014, José-Antonio Claveria choisit de se livrer à la justice avec ses fils. Le patriarche de la famille Claveria est toujours en détention provisoire. « Pour sa protection », assure Me Iris Cristol, du barreau de Montpellier, qui assure sa défense. L'avocate attendait beaucoup de cette reconstitution « Il est important de restituer le contexte dans lequel ce drame s'est produit. Les coups de feu ont été tirés alors qu'il y avait une bagarre. Mon client a eu le sentiment que ses fils étaient en danger. »
Philippe Péjoine, avocat bordelais qui représente, avec Me Éric Grosselle et Me Jean Gonthier la famille Batista qui s'est constitué partie civile, attendait lui aussi que cette reconstitution apporte des éléments éclairants. « Il y a sept témoins, des gens qui se rendaient à la fête ou qui étaient dans leur voiture près du lieu de la bagarre. Ce qu'ils ont vu est déterminant pour savoir s'il y a eu un deuxième tireur. »
Il appartient au juge d'instruction en charge de ce douloureux dossier d'y voir clair entre la thèse du geste de défense soutenue par l'avocate de José-Antonio Claveria et celle du piège, défendue par Me Péjoine...

http://www.sudouest.fr/2015/09/17/reconstitution-judiciaire-sous-tension-2126270-2809.php

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