Infanticide à Saint-Malo: «Je voulais qu'on aille au paradis toutes les deux», témoigne la mère

 Si je suis là devant vous aujourd’hui, c’est que mon geste n’a pas abouti. Croyez-moi, je préférerais être aux côtés de ma fille. Comme je l’ai déjà dit, ce jour-là je me suis ratée ». Cinq ans après avoir étranglé sa fille Méline à Saint-Malo, Laurence Nait Kaoudjt est revenue sur son acte ce mardi à Rennes devant la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine. Le 23 août 2010, elle avait tué sa fille lourdement handicapée à l’aide d’une écharpe, avant de tenter de se suicider. « Je lui ai donné son premier souffle et je lui ai repris. Je voulais qu’on aille toutes les deux au paradis », a déclaré la femme, aujourd’hui âgée de 49 ans.
Les deux tubes de Lexomil avalés ne feront que la plonger dans un état semi-conscient. Prise en charge, elle sera sauvée par les secours, appelés par sa mère, avec qui elle vivait. Depuis les faits, Laurence Nait Kaoudjt est toujours en liberté. « Je me suis posé mille fois la question s’il fallait que je parte ou que je reste. Bien sûr que j’ai pensé à rejoindre ma fille. Mais je suis dit que si j’étais encore en vie, c’est peut-être que j’avais des choses à dire. J’ai besoin de dire ce drame que vivent les parents d’enfants handicapés. Je ne suis pas seule dans cette situation », a lancé la mère à la cour.

« Un geste d’amour »

Dans la matinée déjà, le directeur de l’association Loisirs Pluriel avait évoqué les difficultés des familles avec des enfants handicapés. « Si demain je déménage à l’autre bout de la France, mes enfants pourront trouver une école en deux jours. Mais quand on a un enfant handicapé, cela peut prendre six mois ou plus. La plupart du temps, l’un des parents arrête de travailler, et parfois même le couple a déjà implosé. Il ne vous reste alors plus que votre enfant », a lancé Laurent Thomas.
Plusieurs fois déjà, la mère a évoqué « sa souffrance » et « son isolement ». « Le handicap, c’est sept jours sur sept et il n’y a pas de repos. Même si le geste est affreux, terrible, je ne l’ai pas perçu comme ça. C’était un geste d’amour », a-t-elle lancé à plusieurs reprises. Le verdict est attendu ce mardi dans l’après-midi
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