mardi 22 septembre 2015

Jean Mercier, 87 ans, jugé pour avoir aidé sa femme à mourir : "Je n'ai pas de regrets"

Un octogénaire est jugé ce mardi au tribunal correctionnel de Saint-Etienne pour avoir aidé son épouse à se suicider en absorbant des médicaments en novembre 2011. L'octogénaire devra répondre de "non-assistance à personne en danger".

Le procès de Jean Mercier, qui s'ouvre ce mardi en début d'après-midi à Saint-Etienne, relance le débat sur la fin de vie, alors que le texte doit être débattu en deuxième lecture à l'Assemblée début octobre. Un matin de novembre 2011, l'homme aujourd'hui âgé de 87 ans, a aidé sa femme Josanne, 83 ans, à se suicider en avalant des médicaments. Ce suicide assisté, preuve d'amour pour Jean Mercier, lui vaut aujourd'hui d'être poursuivi pour "non-assistance à personne en danger". Il encourt cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.

 
L'homicide volontaire avait été écarté à l'issue de l'instruction, car tous les proches du couple avaient témoigné de la volonté de la femme de Jean de mettre fin à ses jours. Josanne souffrait de dépression "depuis une trentaine d'années et depuis trois ans elle avait des douleurs chroniques à cause de l'arthrose, notamment au dos, ce qui rendait ses déplacements difficiles" a expliqué Jean Mercier au Parisien. Adhérent de l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) le couple avait prévu de se rendre en Suisse pour réaliser ce suicide assisté, mais Josanne était dans l'incapacité physique de s'y rendre.
 
"C'est un acte d'humanité"
 
"C'est un acte d'humanité. Nous étions mariés depuis cinquante-cinq ans... Si je ne l'avais pas fait, j'aurais honte de moi", a déclaré Jean Mercier au Parisien. Il n'a pas hésité à l'aider à "décapsuler certains cachets" et à vider "la bouteille de morphine, qu'on lui prescrivait aussi, dans un verre en mélangeant avec de l'eau et du sirop". "La moindre douleur lui devenait insupportable, j'ai fait semblant de ne as comprendre la première fois en lui apportant les médicaments normaux", a-t-il raconté au sujet de son épouse, peu avant l'ouverture de son procès.
 
"Je n'ai pas de regrets. Ce serait le cas si, au contraire, je ne l'avais pas fait" et "ce qui m'importe, c'est que la loi change car la mort est un sujet qu'on n'ose pas aborder sereinement", a-t-il expliqué. En juin, le Sénat avait rejeté en première lecture la proposition de loi sur la fin de vie. Le texte doit maintenant repartir pour une deuxième lecture à l'Assemblée nationale.
 

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