samedi 12 septembre 2015

Procès des parents de Bastien : le père condamné à 30 ans de réclusion, la mère à 12 ans

Le procès des parents de Bastien s'est clôt ce vendredi soir par la condamnation à 30 ans de réclusion pour le père du garçon de 3 ans, mort dans un lave-linge. Sa mère a été condamnée à 12 ans de réclusion.

Jugé pour le meurtre "odieux" de son fils Bastien, enfermé dans un lave-linge en marche, Christophe Champenois a été condamné vendredi à 30 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Seine-et-Marne, qui a condamné son ex-femme à 12 ans de prison.
La cour n'a pas suivi les réquisitions de l'avocat général, qui avait demandé pour M. Champenois la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 30 ans. Celui-ci se voit toutefois infliger une peine de sûreté de 20 ans.
Ce père de famille au chômage était jugé pour avoir tué son fils de 3 ans et demi, le 25 novembre 2011 à Germigny-l'Evêque (Seine-et-Marne), selon un mode opératoire décrit comme "particulièrement ignoble": en l'enfermant dans le lave-linge familial, lancé sur le programme essorage.
Et cela, au prétexte que le garçonnet, que son père ne supportait pas et qu'il enfermait régulièrement dans le placard, n'avait pas été sage à l'école ce jour-là.
La cour a par ailleurs reconnu Charlène Cotte coupable de "complicité et de violences" et l'a condamnée à 12 ans de prison. Le parquet avait requis l'acquittement du chef de complicité de meurtre et cinq ans de prison pour violences.
Au verdict, les parents n'ont eu aucune réaction particulière
A l'énoncé du verdict, les parents du petit garçon, assis côte à côte dans le box, n'ont pas eu de réaction particulière. La mère de Charlène est allée réconforter sa fille.
Avant que la cour ne se retire pour délibérer, la parole leur avait été donnée une dernière fois. "Mon fils, je l'ai aimé, je n'ai pas voulu sa mort", a déclaré Charlène Cotte. "J'ai fait ce que je pouvais. D'habitude, j'arrivais à calmer Monsieur mais ce jour-là, sa haine a été plus forte". Quant à Christophe Champenois, il a assuré d'une voix chevrotante qu'il avait "vraiment" aimé son fils.
Avant de prononcer ses réquisitions, l'avocat général Eric de Valroger avait une dernière fois livré le récit détaillé de ce "crime odieux": "le noir, les secousses, les accélérations, les décélérations, l'horreur totale...".
Puis, s'adressant à l'accusé, qu'une tumeur bénigne au cerveau obligeait à rester assis dans le boxe: "Vous saviez, Christophe Champenois, que vous alliez tuer Bastien, vous saviez, en mettant en marche la machine à laver, que votre fils allait souffrir et que son martyre allait être insoutenable", a-t-il martelé.
L'avocat du père avait présenté la mort de Bastien comme le résultat d'une punition qui tourne mal
C'est à son avocat, Jean-Christophe Ramadier, qu'a échu le "terrible privilège" de conclure les plaidoiries. Critiquant la "peine de mort sociale" requise contre son client, il a rappelé son enfance malheureuse et chargé son ex-femme, lui reprochant d'avoir "allumé la mèche" en racontant que Bastien avait encore été "méchant" à l'école. Il a également tenté de présenter la mort de Bastien comme le résultat d'une punition qui a mal tourné plutôt qu'un meurtre de sang-froid. Car si Christophe Champenois voulait "vraiment se débarrasser de Bastien, pourquoi appeler les gendarmes, pourquoi ne pas cacher le corps dans la forêt comme on le voit dans d'autres affaires sordides?", a-t-il interrogé.
Me Gérard Zbili s'est au contraire efforcé de convaincre la cour que sa cliente, qu'il a décrite comme une femme tyrannisée par son conjoint, qui la "tabassait pour un oui ou pour un non", n'était en rien complice du meurtre de son fils.
Ce procès éprouvant a été marqué par des moments intenses, comme la projection de l'audition filmée de la grande soeur de Bastien, témoin du meurtre, ou les dépositions de la directrice de l'école et de l'éducateur de Bastien qui, quatre ans après les faits, semblaient toujours aussi dévastés par ce qui s'était passé.
Témoins et experts psychiatriques ont dit leur "perplexité" face à l'énigme Charlène Cotte, qui est restée prostrée tout le temps de son procès, comme absente à ce qui s'y jouait.
Pourtant, a confié Eric de Valroger, "j'ai beaucoup de procès d'assises derrière moi mais, je dois l'avouer, je n'avais jamais atteint ce niveau d'horreur".
 

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