vendredi 11 septembre 2015

Procès des parents de Bastien: À quelques heures du verdict, la défense se déchire

Jusqu’au bout de ce procès hors-norme, brutal, les accusés seront restés sur leurs positions. Jugé pour le meurtre de son fils, Bastien, enfermé dans une machine à laver mise en route le soir du 25 novembre 2011, le père n’a cessé de répéter qu’il ne se souvenait « de rien ». La mère, qui comparaissait pour complicité de meurtre et faits de violence sur mineur de moins de 15 ans, a maintenu avoir tenté de s’interposer, en vain. A quelques heures du verdict, leurs avocats respectifs ont tenté de défendre leurs clients, pointant les responsabilités portées par l’autre parent.

Une femme sous l’emprise de son conjoint

Charlène Cotte a-t-elle été la complice de Christophe Champenois ce soir-là ? A cette question, l’avocat général a clairement répondu non en requérant son acquittement. Une ligne évidemment défendue par son avocat, maître Zbili : « Comment peut-on dire que Charlène voulait s’associer au meurtre alors que ce qui la qualifie, c’est son inertie ? » Il est également longuement revenu sur le milieu social précaire dont est issue la jeune mère, les brimades liées à son poids dont elle aurait souffert étant enfant et l’emprise physique et morale exercée par son conjoint.
Serinant à l’envi que Christophe Champenois a agi « seul lorsqu’il a placé Bastien dans la machine » et qu’il a agi « seul lorsqu’il a tourné le bouton pour enclencher le mode essorage », les avocats de la jeune femme ont exhorté les jurés à reconsidérer sa participation au crime. « Est-ce qu’il s’agit de jouer au puzzle ou de préserver une gosse ? » a tonné maître Gérard Zbili devant une salle d’audience pleine à craquer, faisant référence aux déclarations de Marie* lors de son audition, qui a décrit sa mère en train de jouer alors que les cris de Bastien résonnaient encore dans l’appartement.
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Pendant plus d’une heure, les représentants de Charlène Cotte n’ont eu de cesse de charger le père de l’enfant, décrit comme un « tyran domestique », un « caïd ». Reconnaissant les faits de violences, Charlène aurait enfermé Bastien dans un placard à plusieurs reprises et aurait aidé son compagnon à entraver l’enfant à l’aide de scotch. L’avocat a interpellé une dernière fois la cour : « La morale n’est pas le droit. Ne vous aventurez pas à laisser parler votre cœur car c’est votre haine qui va parler ».

« Quand on regarde un homme comme un salaud… »

Jean-Christophe Ramadier a été le dernier à prendre la parole après quatre jours d’audience. L’homme, chargé de défendre le père de Bastien, n’a pas la tâche facile. Les réquisitions de l’avocat général sont lourdes : une peine de perpétuité assortie d’une période de sûreté de trente ans. « J’ai peur dans cette audience de n’être qu’un prétexte dans la chronique annoncée de la condamnation de Chistophe Champenois », a confié maître Ramadier.
Conscient des preuves qui pèsent contre son client, l’avocat s’est toutefois adressé à plusieurs reprises à Charlène Cotte : « Madame, votre sort pénal m’est absolument indifférent, mais je vous plains, vous n’avez rien compris. Vous allez devoir vous persuader que ce que vous avez dit est vrai, que le salaud, c’est lui seul, et que vous êtes, encore et toujours, la victime. »
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Plaidant la thèse du « couple pathologique », Ramadier a insisté sur le rôle joué par la mère de Bastien le soir des faits. En rentrant à la maison, Charlène Cotte aurait affirmé que son fils avait fait une bêtise à l’école. Or l’institutrice a nié ces déclarations assurant que Bastien s’était comporté tout à fait normalement. « Vous avez instrumentalisé votre compagnon, sûrement inconsciemment, mais ça a mené au drame », a lancé Jean-Christophe Ramadier. Pour l’avocat, les responsabilités sont partagées et dans un dernier élan, il a sommé les jurés de faire preuve « d’humanité » : « Quand on regarde un homme comme un salaud, on voit un salaud, pas un homme. » Le verdict devrait être rendu ce vendredi soir.
*Le prénom a été modifié

http://www.20minutes.fr/societe/1684923-20150911-proces-parents-bastien-quelques-heures-verdict-defense-dechire

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