jeudi 3 septembre 2015

Trafic de stupéfiants : 14 prévenus à la barre du tribunal correctionnel de Périgueux

La bagatelle de 14 prévenus, soupçonnés d'être attachés de près ou de loin à un trafic de stupéfiants, comparaissaient mercredi devant le tribunal correctionnel de Périgueux. La drogue aurait été écoulée en Dordogne, de Périgueux à Sarlat en passant par Terrasson-Lavilledieu. Il est essentiellement question de résine de cannabis, mais également de cocaïne et d'héroïne.
Les peines requises vont de 100 jours-amendes pour un Périgourdin, simple consommateur, à six ans d'emprisonnement à l'encontre de celui que le ministère public considère comme le principal organisateur et bénéficiaire.
Ce procès vient conclure une longue enquête ayant mobilisé le commissariat de Périgueux, la compagnie de gendarmerie de Sarlat et le service régional de police judiciaire de Lyon. Lancée en octobre 2013, elle repose notamment sur des écoutes téléphoniques (de portables mais également de cabines publiques), des filatures, des géolocalisations, des études de mouvements bancaires, des auditions et des recueils de confidences.
Un coup de filet avait été réalisé le 16 juin 2014 : près de 80 officiers avaient interpellé une vingtaine de personnes en Dordogne, en Gironde et dans le Rhône.

Treize nient ou minimisent

Un seul, mercredi, a reconnu l'ensemble des faits qui lui sont reprochés. C'est le seul à ne pas avoir de casier. Ce quinquagénaire a expliqué avoir tenu un rôle de nourrice. Il estime à une soixantaine de kilos la quantité de drogue ayant transité chez lui, au Bugue. Tous ceux qu'il met en cause le qualifient d'affabulateur.

http://www.sudouest.fr/2015/09/03/un-trafic-et-14-prevenus-2112717-1739.php
Âgés de 30 à 54 ans, les 13 autres prévenus (dont 10 comparaissaient en état de récidive) nient toute participation à un quelconque trafic de stupéfiants. Les nombreux allers-retours entre le Périgord et la région lyonnaise ? Pour aller voir la famille. Au pire, pour ramener des t-shirts contrefaits. Ceux en Espagne ? Ni plus, ni moins que pour aller faire la fête.
Les nombreux allers-retours entre le Périgord et la région lyonnaise ? Pour aller voir la famille
Dans une cave mise à la disposition de l'un, ce sont 5 kilos de shit qui ont été retrouvés par les policiers. Hormis 140 grammes, il a dit ignorer d'où venaient les 4,86 autres kilos. Chez le présumé leader, c'est 11,1 kilos qui ont été saisis : 24 pains disposés dans deux sacs. Insuffisant, à son sens, pour qu'il soit considéré comme la tête pensante d'un réseau organisé : « Je ne sais pas si on cherche la vérité ou à alimenter une vérité. »
De l'existence d'une organisation, le procureur de la République n'en doute pas une seconde. Jean-François Mailhes retrouve dans ce dossier tous les marqueurs propres à ce genre d'affaire : la dissimulation, la loi d'airain consistant à reconnaître le minimum, le gouffre entre les revenus déclarés et les flux financiers observés et la trentaine de portables trouvés lors des perquisitions (chez l'un, 28 cartes SIM ont été saisies).
Le procureur n'ose imaginer qu'il ne resterait, à l'issue de cette audience, que des petits consommateurs : « Si vous n'avez pas là la preuve d'un réseau, alors la logique n'a plus aucune valeur. » En tout, il a requis 13 peines d'emprisonnement ferme (de 5 mois à 6 ans).

18 000 euros la lune de miel

Sa conviction se construit notamment sur le train de vie du supposé meneur. Cet homme de 44 ans vit dans un gîte de Blis-et-Born profitant d'une piscine et d'un court de tennis qu'il dit louer 75 euros par mois. Il perçoit l'aide personnalisée au logement (APL) et le revenu de solidarité active (RSA). Le procureur s'étonne devant la multiplication des mandats cash lui étant destinés et des dépenses réalisées : une lune de miel en Polynésie à 18 000 euros, des achats de bijoux pour 2 000 euros, l'acquisition d'une voiture pour 16 000 euros, etc.
« Tous payés en espèces, signale le procureur. Qui paie une voiture en espèces ? Un trafiquant ? Je ne réponds pas peut-être, je réponds assurément. »
En réponse, le concerné dit avoir flambé par amour et précise que les dépenses ont été partagées avec son épouse. Les milliers d'euros qui lui sont adressés ? Cadeaux de mariage de la part de sa très grande famille.

Enquête à charge, selon la défense

Pour la majorité des dix avocats de la défense, l'épaisseur du dossier ne l'empêche pas de manquer de consistance : aucun élément objectif, aucune écoute explicite, rien qui ne vient clairement déterminer le rôle de l'un ou de l'autre… Pour eux, l'enquête est clairement à charge.
Un conseil trouve risible que l'on puisse soupçonner un « Go fast » dans une Peugeot 406 et une Ford Galaxy. Un autre conclut à « un amalgame de petits raisonnements prenant pour acquises des choses qui ne le sont pas ».
Les prévenus s'estiment victimes de leur passé ou des liens familiaux ou amicaux qui les unissent : « Voilà un dossier qui est fait de liens établis à partir d'un fatras, d'une sélection d'a priori », s'agace Me Alexandre Novion, défenseur du principal prévenu.
Le tribunal espérait mercredi matin rendre le jugement en soirée. La longueur de l'audience l'a contraint à repousser la date du délibéré à lundi

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