vendredi 16 octobre 2015

Douze ans de réclusion criminelle pour l’agriculteur meurtrier de Couvertpuis

Bar-le-Duc. « Je n’ai jamais voulu la mort de Jean-Michel Allemeersch. Je m’en excuse devant sa famille. Ce n’est pas un geste volontaire. Pardon. » C’est sur ces mots prononcés par Claude Boutevillain qui depuis trois jours était dans le box des accusés que juges et jurés de la cour d’assises de la Meuse sont partis délibérer. Et dire si Claude Boutevillain est coupable d’avoir volontairement donné la mort à Jean-Michel Allemeersch en ce soir du 17 août 2012 dans son champ à Couvertpuis (Meuse).
Une volonté qui ne faisait aucun doute pour les parties civiles, Me Sophie Ferry-Bouillon pour la famille de la victime, Me Elisabeth Perceval pour l’épouse de Claude Boutevillain qui était devenue la compagne de la victime et Me Xavier Lignot pour le témoin de la scène fortement traumatisé. Tous les trois de parler de la peur qu’a eu la victime en se retrouvant face au tracteur, de lui rendre hommage, de faire état de la souffrance du témoin, des familles.
« Parfaite exécution, mise à mort », sont les termes employés par Rémi Coutin, l’avocat général pour décrire les actes commis par l’accusé qui a tué sa victime en la heurtant avec le porte-balles de son tracteur, a fait descendre à deux reprises le dit porte-balles sur son corps pour finir par monter dessus avec une roue de son tracteur. Pour ce qu’il a aussi qualifié de « meurtre avec une vraie sauvagerie », il a requis 18 ans de réclusion criminelle à l’encontre de l’accusé, considérant que « l’intention de tuer était établie. A partir du moment où il a vu Jean-Michel Allemeersch dans son champ, il n’a été animé que d’une seule volonté : le tuer. »
Et l’avocat général en est convaincu, si la victime est venue dans le champ c’est suite à l’accrochage qu’il y a eu entre sa voiture stationnée dans la rue et le tracteur qui passait. « Il est plausible que Claude Boutevillain ne se soit pas aperçu de cet accrochage, mais cela constitue le premier acte de cet engrenage mortel ». Le représentant du ministère public de regretter que l’accusé ait choisi de « louvoyer entre la contestation franche de la volonté de tuer et la reconnaissance du bout des lèvres. »

« Il voulait qu’on le laisse tranquille »

En effet, interrogé sur les faits dans la matinée, l’accusé a admis être à l’origine de la mort de Jean-Michel Allemeersch mais a parlé de geste involontaire, de sa peur, de sa haine, de sa colère. Il dira avoir voulu s’enfuir alors que le témoin le voit avancer sur la voiture d’abord, puis sur sa victime à pied ensuite. Lui ne se souvient pas. « Je ne sais pas », répétera-t-il à de nombreuses reprises aux questions de Marie-Cécile Thouzeau, la présidente, qui cherchait à l’entendre raconter la scène, à savoir pourquoi il n’avait pas arrêté avant qu’il ne soit trop tard. En vain, celui-ci se positionnant comme une victime.
La victimisation, un terrain sur lequel n’est pas allée Me Nadège Dubaux, avocate de la défense. Celle-ci préférant parler de la « descente aux enfers » avec le départ de sa femme, les provocations de son rival. « Il a pris l’initiative de le chasser de son champ, mais celui-ci est venu le chercher à nouveau sur son terrain. » Me Dubaux en est convaincue « consciemment il n’a jamais souhaité la mort de Jean-Michel Allemeersch, il voulait qu’on le laisse tranquille ».
Autre avocat de la défense, Me François Robinet s’est laissé aller à une plaidoirie totalement orientée vers la victimisation de l’accusé et la provocation de la victime. « Si Jean-Michel Allemeersch est allé dans le champ, c’est pour le provoquer. Vous aurez la certitude de ne pas vous tromper en décidant que Claude Boutevillain n’a pas vu la portée de son geste. La victime a eu une énorme responsabilité, il faut la prendre en compte », concluait Me Robinet devant une assistance quelque peu abasourdie.
Claude Boutevillain a été déclaré coupable d’avoir volontairement donné la mort à Jean-Michel Allemeersch et a été condamné à 12 ans de réclusion criminelle.

http://www.estrepublicain.fr/edition-de-bar-le-duc/2015/10/16/douze-ans-de-reclusion-criminelle-pour-l-agriculteur-meurtrier-de-couvertpuis

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