dimanche 4 octobre 2015

Neuilly : le mystère de la veuve pendue de retour aux assises

Les millions et la liberté. Ou la prison sans le sou. Tel est bien l’enjeu du procès de Franck Renard-Payen, qui s’ouvre ce lundi, en appel, devant la cour d’assises des Yvelines à Versailles. Acquitté, en mars 2014, du meurtre de Dominique Aubry, riche veuve découverte pendue dans sa luxueuse péniche à Neuilly-sur-Seine le 1er décembre 2005, cet homme de 46 ans va devoir s’expliquer à nouveau.

 
Revenir sur ses relations étroites avec la victime dont il était l’héritier, raconter sa vie de fêtard insouciant, expliquer ses dettes, dire s’il se savait légataire universel de la veuve… Détailler le moment où il a découvert le corps pendu au bout d’une corde à l’escalier de la péniche, le dernier dîner de Dominique Aubry, partagé avec elle et son copain Olivier Eustache jugé lui aussi dans cette affaire.
Comme Franck Renard-Payen, Olivier Eustache, 44 ans, aussi austère que son ami Franck est léger, avait été acquitté par la cour d’assises des Hauts-de-Seine, au terme d’un procès étiolant un à un les maigres éléments de preuve fondant l’accusation de crime maquillé en suicide. Les jurés avaient alors écarté la thèse de la conspiration meurtrière pour admettre celle du suicide.
Tout est désormais remis en jeu, dans cette affaire où l’héritage colossal, au moins 14 M€, apparaît néanmoins comme un mobile sérieux. Depuis le décès récent de son époux, Jean Aubry, antiquaire spécialiste des années 1900-1930, Dominique disposait de sa fortune, composée notamment de l’exceptionnelle collection de mobilier et objets Art nouveau Art déco ornant la péniche. La disparition de son mari l’a plongée dans une détresse qu’elle noyait dans l’alcool. Alors Franck Renard-Payen, sorte de fils spirituel de ce couple de « bourgeois rock’n’roll » selon la formule d’une proche, n’a plus quitté cette femme à la dérive, riche et caractérielle.
Elle en a fait son légataire universel, sur les conseils d’Olivier Eustache. Lui, avait débarqué dans la vie de Franck et Dominique quelques mois avant la mort de la veuve. N’était-il que leur nouvel ami ? L’intime de Franck par intérêt ou parce qu’ils avaient scellé un pacte sordide ? Les jurés ont trois semaines pour forger leur conviction. Ils peineront sans doute à s’appuyer sur les preuves incontestables. Lors de l’intervention des secours puis de la police, après que Franck Renard-Payen a découvert le corps ce premier jour de décembre 2005, la scène - de crime ou de suicide - a été « polluée ».
D’emblée, le drame a été traité comme un suicide et un mois plus tard, le procureur de l’époque classait le dossier. La justice ne devait plus s’intéresser à décès de la veuve. Jusqu’à ce que la mère et le frère de la victime déposent plainte avec constitution de partie civile pour déclencher de nouvelles investigations. Les juges d’instruction se sont succédé. L’un d’eux a même tenté de confronter les suspects au chien de la Dominique Aubry, seul témoin des dernières minutes de la vie de sa maîtresse. Quel que soit le verdict des jurés, il fera un homme riche : Franck Renard-Payen s’il est acquitté, ou le frère de Dominique Aubry si les accusés sont déclarés coupables.

http://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92

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