lundi 19 octobre 2015

Procès Bonnemaison: «Cela n'a jamais été mon intention de faire mourir»

« Ça n’a jamais été mon intention de faire mourir les patients. » Jugé en appel devant la Cour d’assises du Maine-et-Loire pour « l’empoisonnement » de sept personnes en fin de vie, Nicolas Bonnemaison reconnaît seulement des « erreurs » dans sa relation avec des familles.
L’audience, qui est entrée lundi dans sa deuxième et dernière semaine, s’est penchée sur le cas de Françoise Iramuno, décédée à l’âge de 86 ans, deux jours après son admission en avril 2011 dans le service des urgences de l’Hôpital de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) où exerçait le praticien. Victime d’un accident vasculaire cérébral hémorragique, elle était finalement décédée d’un arrêt cardiaque.

« Je sais que ça peut accélérer la mort »

Le fils de Françoise Iramuno et sa belle-fille, dont les témoignages sont attendus dans l’après-midi, font partie des deux familles à s’être portées parties civiles. Aucune famille n’a en revanche porté plainte. « Le matin, quand je la prends en charge, le tableau est catastrophique, celui d’une patiente en fin d’agonie », a décrit le médecin, qui avait été acquitté en 2014 par la Cour d’assises de Pau lors d’un premier procès.
Le praticien a reconnu avoir pratiqué une injection d’hypnovel, un puissant sédatif, mais « ça n’a jamais été mon intention de faire mourir les patients », a-t-il assuré, « même si je sais que ça peut accélérer la mort ».
« Ce n’est pas le but, c’est un effet secondaire », s’est-il défendu, plusieurs fois déstabilisé par les questions insistantes de la présidente sur la nécessité de l’utilisation du sédatif, sur le fait qu’il n’ait jamais noté cette injection dans le dossier médical et pratiqué l’injection « d’un coup », sans échelonnement.
« Si je n’écris rien c’est parce que j’agis seul », s’est justifié Nicolas Bonnemaison. « Cinq milligrammes d’hypnovel n’ont jamais tué un patient en deux minutes », a-t-il insisté, contredisant la version, défendue plus tôt dans la matinée par deux témoins, une infirmière et une aide-soignante.

« Des propos odieux »

Ces dernières ont expliqué qu’elles avaient été « choquées » après le décès brutal de la patiente, qui, selon elles, avait le « visage détendu » avant qu’elle ne meure et ne souffrait « pas d’encombrement » respiratoire.
Elles ont déploré l’absence d’explications de la part du médecin, injoignable, selon elles, après avoir été informé du décès, et qui n’était pas là pour recevoir la famille. Elles ont aussi rappelé le pari fait par l’urgentiste avec un aide-soignant dans la salle de garde sur le décès rapide de l’octogénaire, la veille de sa mort.
« Des propos odieux », a reconnu le médecin, mais qui servaient, selon lui, à « évacuer la tension ». « Mes erreurs elles sont là : vis-à-vis de M. et Mme Iramuno », a-t-il concédé. « Quoi que j’ai fait, visiblement, je ne l’ai pas fait suffisamment bien ».

http://www.20minutes.fr/societe/1712515-20151019-proces-bonnemaison-jamais-intention-faire-mourir

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