vendredi 23 octobre 2015

Procès Bonnemaison : cinq ans de prison avec sursis requis

Les bancs de la presse, les salles d'audience et de retransmission sont combles pour cette avant-dernière journée du procès en appel de Nicolas Bonnemaison. Elle a débuté par les plaidoiries des parties civiles (deux familles de patients décédés) et les réquisitions. Elle se poursuivra dans l'après-midi avec les plaidoiries de la défense. Avant un verdict attendu samedi (à la mi-journée ?).
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Nicolas Bonnemaison est jugé en appel depuis lundi 12 octobre devant la cour d'assises de Maine-et-Loire pour avoir "empoisonné" sept patients en phase terminale en 2010 et 2011.
  • Vendredi, fin de matinée : les réquisitions

Au terme d'un réquisitoire de trois heures, l'avocat général Olivier Tcherkessoff a requis cinq ans d'emprisonnement avec sursis à l'encontre de Nicolas Bonnemaison. En première instance, qui avait vu l'acquittement de Nicolas Bonnemaison à Pau en juin 2014, le ministère public avait requis la même peine.
Pour le ministère public, dont "le rôle n'est pas celui de soutenir tel ou tel intérêt", "l'intention" de Nicolas Bonnemaison dans les actes qui lui sont reprochés "n'est pas celle des soins".
"L'intention de hâter la fin de vie est clairement caractérisée. Ca n'empêche pas qu'il ait pu agir de bonne foi en s'auto-convainquant de bien faire. Un geste me permet de le révéler", argumente l'avocat général : quand il tient de main de Jacqueline Froment après lui avoir administré une ampoule d'Hypnovel (puissant sédatif). "Mr Bonnemaison est enfermé dans sa propre logique, persuadé de faire le bien alors qu'il fait le mal. Et personne ne peut le lui dire puisqu'il agit complètement seul".
Olivier Tcherkessoff a détaillé cas par cas ses motivations : il retient la culpabilité de Nicolas Bonnemaison pour six des sept patients. En ce qui concerne le décès Christiane Tymen, "la tentative d'empoisonnement ne me paraît pas envisageable puisqu'aucun acte n'est matérialisé". Lors des débats mardi, la famille avait assuré être restée continuellement dans la chambre de l'octogénaire et ne pas avoir vu l'ex-urgentiste pratiquer une quelconque injection.

Vendredi, début de matinée : plaidoiries des parties civiles
"Nous sommes ici pour juger si un médecin peut délibérément abréger la vie de patients qui ne sont pas en mesure de donner leur avis. Au-delà des grands débats de société, au-delà de certains cas qui auraient été décrits, c'est la question à laquelle vous allez devoir répondre. C'est la question que nous nous posons sur un cas". Le cas de Françoise Iramuno décédée le 6 avril 2011, à l'âge de 86 ans et qui avait été admise au centre hospitalier de la Côte basque après un accident vasculaire cérébral hémorragique.
Le 6 avril, "il est 15h15". "Madame Iramuno vient de décéder, Mr Bonnemaison a gagné son pari" passé avec un aide-soignant, plaide Me Macera, avocat du fils et de la belle-fille de Françoise Iramuno. Certes, "le pronostic vital était engagé", certes "la famille s'était résignée", "c'est une vie qui s'achève, mais c'est une vie encore", poursuit l'avocat. "On ne tue pas un mort ? On tue, même quand on abrège une fin de vie".
"Vous aurez à juger ce geste. Un geste secret, froid, violent, calculé et prémédité", dit Me Macera. "Un geste de toute puissance, peut-être d'un médecin qui se croyait infaillible".
Les époux Iramuno "ne souhaitent pas d'indemnisation". "Ils sont ici pour comprendre ce qu'il s'est passé", enchaîne ensuite Me Valérie Garmendia, autre avocat de cette famille. "Aujourd'hui, ils ont des certitudes. La certitude que Nicolas Bonnemaison a injecté de l'Hypnovel (puissant sédatif) sans avoir procédé au moindre examen médical, sans qu'aucune décision collégiale ne soit prise dans ce dossier". 
"Donner la mort intentionnellement même pour un médecin est un crime et restera un crime", plaide Me Valérie Garmendia, qui "demande de retenir la culpabilité" de Nicolas Bonnemaison.
Pour Me Thierry Cazes, avocat d'Yves Geffroy, qui s'est porté partie civile contrairement à sa soeur, "l'intention criminelle provient de la multiplicité des cas" pour lesquels il est jugé, voire même pour les deux autres pour lesquels l'accusé a bénéficié d'un non-lieu... "Les mobiles étaient bons, mais l'intention était bien de tuer", plaide-t-il. André Geffroy était décédé le 24 février 2011 à l'âge de 92 ans après avoir été transféré à l'hôpital de Bayonne suite à un AVC.
"On prête à Mr Bonnemaison une certaine sympathie, seulement vous ne pouvez juger selon des sentiments, mais selon les faits". Pour finir, Me Cazes parle au nom de son client :  "Si vous prononcez la culpabilité du Docteur Bonnemaison, mon père pourra enfin vivre sa mort en paix".
http://www.sudouest.fr/2015/10/23/proces-bonnemaison-les-avocats-des-parties-civiles-demandent-de-retenir-la-culpabilite-de-l-ex-urgentiste-2163405-6062.php

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