3 ans après les faits, c'est un procès exceptionnel et semé d'embûches qui s'ouvre à Grenoble.. Six semaines d'audience et douze accusés pour un double meurtre: celui de Kevin et Sofiane en septembre 2012 lors d'une violente rixe à Échirolles en Isère. Ce drame avait ému la France entière.
Prévu du 2 novembre au 11 décembre, le procès très attendu doit se tenir à huis clos, deux des accusés étant mineurs à l'époque des faits. Une quarantaine de CRS sont mobilisés pour assurer la sécurité à l'ouverture de l'audience lundi.
Des ténors du barreau sont attendus comme Me Francis Szpiner ou l'ancien ministre François Baroin, qui défendront les parties civiles. La justice leur a d'ores et déjà demandé de prévoir une septième semaine à leur agenda, au cas où le procès serait plus long que prévu.
Venger la fierté du quartier
Tout a commencé le 28 septembre 2012 par une bagarre devant un lycée d'Échirolles entre Wilfried, le frère de Kevin, et un autre garçon avec lequel il avait un contentieux au sujet d'une jeune fille.
Plusieurs affrontements s'ensuivent entre différents groupes des quartiers des Granges à Échirolles et de la Villeneuve à Grenoble. En début de soirée, dans une ambiance d'alcoolisation, une vingtaine de jeunes se regroupent à la Villeneuve afin de venger "la fierté du quartier" et de lancer une expédition punitive. Rejoint par son ami Sofiane, Kevin patiente, lui, dans le parc Maurice Thorez d'Échirolles et demande aux plus jeunes de rentrer chez eux, conscient que des représailles ne manqueront pas d'intervenir.
Leur violence ne leur laissera aucune chance. Assailli, Kevin, étudiant en master de 21 ans, est transpercé de huit coups de couteau, dont un mortel au poumon. Sofiane, éducateur de 22 ans, est lui poignardé 31 fois, dont neuf fois dans le dos, et frappé au crâne avec un marteau. Il décèdera le lendemain de multiples hémorragies internes.
Au cours de la vingtaine de minutes qu'a duré la rixe, les assaillants les ont frappés avec marteau, manche de pioche, bouteille de vodka, faisant même usage d'un chien d'attaque, d'un pistolet à grenaille et roulant encore sur une victime en scooter.
Le drame avait suscité une grande émotion, amenant François Hollande et Manuel Valls à se rendre sur place quelques jours après. L'enquête, complexe, a permis d'identifier la plupart des agresseurs mais n'est pas parvenue à déterminer avec certitude qui avait porté les coups de couteau mortels. Les armes du crime n'ont jamais été retrouvées et la plupart des accusés (sauf deux) ont refusé d'enfreindre la règle du quartier selon laquelle "on ne balance pas".
Pour contourner ces difficultés, la justice a retenu le principe de la "co-action", estimant que chacun des accusés avait contribué à la mort des victimes en les affaiblissant par des coups. Ou simplement en empêchant Kevin et Sofiane de fuir ou de recevoir de l'aide.
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