mercredi 30 décembre 2015

Lesménils (54) : meurtre d’une mère de famille, un témoin surprise

La reconstitution a duré un peu plus de quatre heures, dans la nuit et le froid, ce lundi soir, à Lesménils. Il s’agissait pour la juge d’instruction de Nancy, Zaïda Moulay d’essayer de faire la lumière sur la mort de Francisca Rodrigues, une mère de famille de Pont-à-Mousson de 45 ans, retrouvée noyée le 21 février 2012 dans un fossé au fond duquel coule un ruisseau, à l’entrée du village.
Dans un premier temps, la Justice avait classé l’affaire en noyade accidentelle. Mais le dossier a été rouvert il y a un an et quatre amis de la victime ont été mis en examen pour « meurtre d’une personne vulnérable ».
Tous les quatre auraient été présents lors d’une soirée dans un appartement de Pont-à-Mousson où Francisca Rodrigues aurait consommé de la drogue, coupée avec des médicaments. La quadragénaire aurait fait un premier malaise. Trois de ses amis l’auraient embarquée dans une voiture pour la conduire à l’hôpital. Mais, en cours de route, ils auraient paniqué car la victime aurait fait un second malaise et il l’aurait abandonnée à Lesménils.
Tel est le scénario qui émergeait grosso modo des déclarations initiales des quatre suspects, même si certains ont varié voire carrément nié durant leurs auditions. Mais les choses ont évolué.
Boycott de la scène de crime
Les quatre personnes mises en examen, deux hommes et deux femmes, contestent maintenant tous avoir joué le moindre rôle dans la mort de Francisca Rodrigues. Et lors de la reconstitution, deux d’entre eux, les deux hommes, ont carrément refusé de se rendre au bord du fossé, là où la victime a été retrouvée morte. Ils sont restés dans leur fourgon cellulaire, sous la garde d’agents de l’administration pénitentiaire. « Ils n’ont pas eu le courage de se confronter à la scène de crime », analyse Me Samira Boudiba, l’avocate de la nièce de la victime.
« Mon client dit qu’il n’était pas présent sur les lieux le jour du drame. Il n’avait donc aucune raison de participer à cette reconstitution », justifie Me Olivier Nunge, l’avocat de l’un des deux suspects qui ont boycotté la scène de crime.
Les deux femmes mises en examen sont, elles, allées au bord du fossé. Uniquement en tant que spectatrices. Car elles affirment, elles aussi, qu’elles n’étaient pas présentes à Lesménils dans la nuit du 20 au 21 février 2012 lorsque la victime s’est noyée. La juge d’instruction a toutefois réservé un coup de théâtre à l’une d’elles, Sylvia B, 52 ans. La magistrate lui a lu, en pleine nuit, sur les lieux du meurtre, les accusations d’un témoin surprise : une de ses anciennes co-détenues à laquelle elle aurait avoué sa participation au crime.
Le choc de cette révélation s’est heurté à un mur de dénégations. Sylvia B a nié avoir fait des confidences à une autre prisonnière. « Durant les trois années qui ont suivi les faits ma cliente était en liberté et elle n’a jamais rien dit à personne. Mais d’un seul coup, elle aurait été se confier à une parfaite inconnue qui a partagé sa cellule cinq jours ? Cela n’a aucune logique ! », s’insurge son avocat, Me Julien Marguet.
Du côté de la famille de la victime, on voit les choses différemment : « Le témoignage de cette co-détenue comporte quand même des détails troublants », souligne Me Boudiba. La suite de l’instruction dira s’il s’agit d’un vrai rebondissement ou d’une simple péripétie dans un dossier qui reste complexe.
http://www.estrepublicain.fr/edition-de-pont-a-mousson/2015/12/29/lesmenils-meurtre-d-une-mere-de-famille-un-temoin-surprise

Aucun commentaire: