samedi 30 janvier 2016

Conseil municipal : les policiers et le cameraman condamnés

La vie politique montalbanaise est-elle condamnée à s'épanouir dans la violence ? On serait tenté de le croire au vu de l'audience qui s'est tenue, hier matin, au tribunal correctionnel, après un conseil municipal houleux de novembre 2014. Deux policiers municipaux comparaissaient pour des violences commises à l'encontre du cameraman Michel Lecomte, victime mais lui-même aussi accusé dans ce dossier pour outrage aux fonctionnaires de la police municipale.
Au procès, le journaliste, qui travaillait à l'époque pour un média sur Internet (Networkvisio) assure sa propre défense. A côté de lui, à la barre du tribunal, les deux policiers, un plus grand que l'autre sont défendus par le ténor du barreau de Toulouse, Simon Cohen. Dans la salle, Christian Perez, adjoint au maire de Montauban chargé de la sécurité, des policiers municipaux en civil et le compagnon de la maire de Montauban sont venus soutenir les deux prévenus de la police municipale.
Le président Luc Dier rappelle les faits. Ce soir-là de novembre 2014, le conseil municipal de Montauban tourne au vinaigre. Michel Lecomte filme les débats dans leur intégralité. La température va monter d'un cran lorsque l'opposition a souhaité s'exprimer sur les deux festivals de jazz et d'Alors Chante que la ville souhaite supprimer pour n'en faire qu'un. Soudainement, les services de Brigitte Barèges ont empêché le cameraman de filmer. Et il va être expulsé, «manu militari» du conseil municipal.
Les deux policiers municipaux nient les faits de violence dont ils sont accusés. «Nous n'avons pas été violents. Ce monsieur faisait tellement son cinéma. Il gesticulait tellement que, pour que le conseil municipal puisse se dérouler normalement, dans le calme, nous l'avons sorti...» déclare l'un des deux policiers. Son collègue rajoutant aussi que si c'était à refaire «il ferait à nouveau la même chose. »

Fonctionnaires obéissants

A son tour, Michel Lecomte s'est avancé à la barre. La justice lui reproche un outrage aux fonctionnaires de police. Notamment, lorsqu'il leur a lancé : «Vous faites un boulot à la c...» Le cameraman reconnaît sa faute, assure qu'il n'a rien contre la police «bien au contraire même. Quand je peux faire des reportages sympas sur eux, je ne m'en prive pas.» Mais il a un grand regret : «Je n'en veux pas à ces deux policiers municipaux. Ils ont agi sur un ordre. Aujourd'hui, ceux qui ont donné cet ordre ne sont pas là. C'est bien dommage.»
Un an et deux mois après les faits, Michel Lecomte estime qu'il souffre toujours des séquelles des violences subies lors de conseil municipal. «J'avais 59 ans au moment des faits. J'ai subi six minutes de violences. J'étais à cran, ce qui peut expliquer mes propos excessifs. Aujourd'hui, je ne peux plus porter de caméra à la suite de ces violences.»
Après avoir visionné les images de cette séance du conseil municipal, le ministère public pose la question : «La séance se déroulait normalement. Est-ce que l'ordre d'expulser était justifié ? Tout citoyen peut participer à un conseil municipal. C'est public. Capter des images n'est pas interdit par la loi. »
Me Simon Cohen estime que les deux policiers n'ont fait que leur travail, rien que leur travail. «Ils ont obéi à un ordre, tout simplement à un ordre.» Et comme ce n'était pas l'ordre qui était jugé hier…
Au final, les trois prévenus seront condamnés. Les deux policiers écoperont chacun de 1 500 €, dont 1 000 € avec sursis. Michel Lecomte devra lui 900 €. En revanche, une autre audience se déroulera le 17 mars prochain et portera sur des réparations que Michel Lecomte estime être en droit d'attendre, après deux jours d'interruption de travail

http://www.ladepeche.fr/article/2016/01/30/2266467-conseil-municipal-les-policiers-et-le-cameraman-condamnes.html

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