samedi 30 janvier 2016

Procès du Triolet à Sète : "Ce drame était imprévisible et incompréhensible

L es débats ont repris ce vendredi 29 janvier aux assises de l'Hérault. Dans la matinée, la cour d'assises interroge Charles Pujol, 52 ans, soupçonné d'un carnage contre ses voisins qui faisaient du bruit. Deux personnes sont mortes, deux autres ont été blessées.

19 h 30 - Le médecin : "Je pensais que le club de tir était valorisant pour lui"

En cette fin de deuxième jour d'audience, ce vendredi 29 janvier au soir, le médecin traitant de Charles Pujol et de ses parents, passe un mauvais moment à la barre : il n'a pas vu venir le coup de sang de son patient qui a tué deux personnes et en a blessé deux autres le 1er décembre 2012 à Sète.
"Ce drame était imprévisible et incompréhensible, je l'avais dans ma patientèle depuis 1999 suite à une rupture sentimentale. Je le décris sensible, émotif, minutieux, voir obsessionnel avec un manque de reconnaissance et une susceptibilité par rapport à son environnement. Il craignait les prises de sang, c'est un paradoxe."
"Charles je ne comprends pas ce qui t'a mené à l'irréparable", lance le médecin en regardant l'accusé.
Me Darrigade, partie civile, intervient : "Monsieur, ce qui nous intrigue, c'est qu'il doit justifier de la possession d'une arme et de l'aptitude à la pratique du tir et c'est vous qui avez signé les certificats médicaux, est-ce que vous avez hésité à un moment ?".
"J'ai hésité mais j'ai prescrit, j'ai pensé que c'était une valorisation pour lui. Au club de tir, il avait un rôle d'éducateur, je pensais que c'était valorisant, pour moi la menace n'était pas autrui, mais lui-même, qu'il se supprime".
"Mais les dépressifs ne sont pas tous armés !" remarque Me Darrigade.
Me Abratkiewicz, autre partie civile, embraye et accuse : "Vous venez de dire que vous avez hésité à délivrer l'autorisation puis vous avez estimé que c'était mieux pour lui ? Sacré pari ! Vous êtes de toute façon plus un ami de la famille qu'un médecin de famille !"
Le président Pinarel tacle aussi sévèrement le praticien, parce que son patient n'a pas vu de psychiatre, il constate également "un manque de rigueur" dans le contrôle de Charles Pujol et lui reproche d'avoir donné des éléments du dossier médical à l'accusé.
Les débats vont se poursuivre samedi 30 janvier avec les parties civiles, l'accusation, la défense et le verdict.

18 h 50 - "Charles Pujol était calme et gentil"

La défense de Charles Pujol, Mes Phung et Scherrer, a fait citer des témoins pour parler de l'accusé. Notamment cet ancien militaire, qui a notamment commandé une compagnie d'instruction commando ou encore le centre de Collioure. Il a connu l'accusé au club de tir. "J'ai une bonne connaissance de l'Homme en général. Charles était calme et gentil, toujours serviable, toujours en attente de rendre service, il était pondéré... J'ai découvert qu'il était sous traitement, à l'époque je le trouvais normal."
Le frère de Charles Pujol, lui, évoque "quelqu'un de chaleureux, raisonnable, sérieux, quand vous êtes dans la merde, c'est quelqu'un sur qui vous pouvez compter. Quand j'ai appris qu'il avait fait feu sur quatre personnes, j'en suis pas revenu... J'en suis pas revenu et même aujourd'hui j'aimerais comprendre."

18 h 05 - "Il me regarde dans les yeux et bam"

C'est au tour de Mounir Amri de parler, il a reçu trois balles et a désarmé le tueur. Il raconte cette soirée d'avoir conviviale puis cauchemardesque. "On a toqué à la porte, Michel a dit 'le voisin a dit qu'il allait tous nous buter si on arrêtait pas la musique'. On est sortis, M. Pujol parlait avec Fabrice et je me suis aperçu qu'il avait une arme le long du corps, il était très calme et à partir de là, je le vois qui met le pistolet et 'bam' il tire sur Fabrice, il prend le pistolet et tire sur Valérie, 'bam', et je vois la tâche de sang sur le mur...'
'Il me regarde dans les yeux et 'bam' dans la jambe, je hurle, je tombe... Après je suis par terre, j'ai un instinct qui me dit 'tu ne vas pas le laisser continuer', je me lève, je me jette sur le canon, je le lâche plus, il m'a dit méchamment 'lâches cette arme !', un coup est parti, j'ai attrapé l'arme, je l'ai jetée".
http://www.midilibre.fr/2016/01/29/proces-du-triolet-a-sete-tirs-potentiellement-mortels-sur-les-deux-rescapes,1278036.php
 

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