jeudi 21 janvier 2016

Couple de dépeceurs Chinois: «Un coup de tonnerre dans un ciel serein»

« J’aurai dû appeler la police, tout ça n’aurait jamais dû arriver », a confié, dans un sanglot, Te Lu, interrogé ce jeudi par la cour d’assise de Paris. Ce Chinois de 34 ans, installé en France avec sa compagne Hui Zhang depuis 2006, est accusé d’avoir tué, dépecé puis enterré dans le bois de Vincennes un autre couple et leur nourrisson, en mai 2012.

Un couple fragile

Diplômé, fils unique de parents ingénieurs, devenu agent commercial à son arrivé en France, Te Lu vit mal les choix de carrière de sa femme, Hui Zhang. « Pour moi, être nourrice, ce n’est pas une activité, pas une profession, surtout au noir », a expliqué le mis en cause, en conflit depuis plusieurs mois avec sa femme à ce sujet. A l’époque, Hui Zhang, diplômée d’un master de gestion financière, s’occupe de trois enfants en plus de son propre fils, dont un nourrisson de deux mois et demi, Lucas.
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Le soir du 23 mai 2012, la jeune femme est malade. Malgré ses sollicitations auprès des parents de Lucas pour qu’ils viennent le récupérer pour ne pas lui transmettre son virus, l’enfant passe une fois encore la nuit chez le couple. Sous l’effet des médicaments, Hui Zhang s’endort avant de donner le dernier biberon à l’enfant. À son réveil, Lucas a « le visage collé contre le matelas, ne respire plus ». Paniquée, la nourrice informe son compagnon, Te Lu, qui dort dans le salon depuis plusieurs mois.

« C’est ton problème ! »

« J’étais terrorisé par la situation, je n’ai pas du tout réfléchi, elle m’a dit qu’elle avait tout essayé et que le bébé n’avait plus de pouls » a assuré son conjoint, qui lui propose d’appeler le SAMU, puis la police. Des éventualités balayées par Hui Zhang paniquée par l’éventualité d’abandonner son petit garçon de trois ans et par son statut illégal de nourrice. Le couple songe alors à régler la situation « à la chinoise » : « En Chine on a une loi, on appelle ça « une transaction pénale », en dédommageant spontanément les victimes, on peut bénéficier d’une certaine clémence », a détaillé Te Lu.
Mais les disputes s’enchaînent dans la nuit. L’accusée assure que son conjoint l’aurait laissé régler seule, la situation. « Ce n’était pas une dispute, c’était presque des insultes. Il m’a dit : Je t’avais dit de pas garder des enfants chez nous, c’est ta faute, c’est ton problème ! ». Une réaction vécue comme un abandon par la jeune femme qui s’est écriée, en larmes, à la fin de son interrogatoire : « Je n’ai que des remords (…) ça ne se serait pas passé comme ça si je n’avais pas eu un compagnon si lâche, si nul, s’il avait eu le courage de me dire appelle la police, je m’occupe de notre fils ! ».
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L’engrenage

Cette « lâcheté », Te Lu a assuré aujourd’hui la regretter, affirmant avoir « la haine contre lui-même ». Mais très vite, et dès le décès du nourrisson, l’agent commercial se retranche derrière la responsabilité de sa femme. C’est elle qui donne rendez-vous aux parents, elle qui annonce la nouvelle de la mort de l’enfant et finalement elle qui assène les coups mortels aux parents devenus « fous de rage » et qui s’en prenne à elle puis à son mari. Blessé lors de la violente altercation, Te Lu affirme avoir perdu la notion de « réalité » les jours qui ont suivis.
Hui Zhang se chargera de dépecer les corps, de les enterrer, de se débarrasser de la feuille de boucher, de la hachette et de la scie électrique et des restes des corps qui n’ont pu être enfouis dans le bois de Vincennes. Décrit par l’un des experts psychiatriques comme « un coup de tonnerre dans un ciel serein », chaque étape de l’engrenage macabre est justifiée par Hui Zhang par sa volonté de mettre son fils à l’abri, en Chine, auprès de ses grands-parents, de le protéger.
« Vous avez eu beaucoup de chance de ne pas être touchée par le hachoir lorsque la victime vous a menacé » a souligné Me Gilles Laille, avocat des familles des victimes, parties civiles, évoquant la violente bagarre qui a viré au drame le 24 mai 2012. Sans répondre à l’insinuation, Hui Zhang, ébranlée a hurlé : « Une chance d’être en vie ? Je préférerai être morte ! ». Le couple encourt jusqu’à trente de réclusion criminelle.

http://www.20minutes.fr/societe/1770903-20160121-couple-depeceurs-chinois-coup-tonnerre-ciel-serein

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