dimanche 31 janvier 2016

Joachim Toro : le procès des meurtres de Rivesaltes

Joachim Toro comparaît devant la cour d'assises des Pyrénées-Orientales. Jeudi ont eu lieu les dépositions accablantes de plusieurs jeunes femmes contre l'accusé.
Il n'avait jusqu'ici qu'une seule accusatrice, dont on pouvait prendre les propos avec des pincettes : Halima, cette jeune femme qui a accusé Joachim Toro, 83 ans, jugé pour un triple meurtre et deux tentatives devant les assises des P-O, de l'avoir soumise à des caresses poussées dès l'âge de 9 ans. La jeune femme a admis avoir profité de la situation, en se faisant largement payer par cet accusé qui a 50 ans de plus qu'elle.
Mais jeudi, le portrait du vieil homme en pervers de village, en pédophile d'habitude, a pris toute sa dimension. À la barre, des jeunes femmes se succèdent. Certaines s'efforcent de prendre l'épreuve à la légère. Comme Mallory, 34 ans. "Vers 14 ans, il a commencé à me proposer des cigarettes et de l'argent, un paquet et 50 F."
- Et en échange ?", demande le président .
- On se plaçait dans la rue devant sa fenêtre dans le vieux Rivesaltes. Il restait derrière ses carreaux, on imaginait bien ce qu'il faisait, il y avait des mouvements, des gémissements. On n'a jamais rien montré. Après il venait à la porte et nous donnait l'argent." Nathalie a 33 ans. "Au collège, il nous suivait en voiture et nous jetait des paquets de cigarettes et 20 ou 30 F en échange de passer chez lui. Il avait des rétros à ses fenêtres, il nous voyait arriver. Il nous sifflait ou il chuchotait : “Chut, chut, surtout ne le dis pas”. Il craignait beaucoup le regard des adultes. Il inspirait confiance parce que c'était un voisin et qu'il venait faire des travaux chez ma mère."
Antoinette, 31 ans, est nouée d'angoisse à la barre. "Toro me faisait rentrer chez lui, il nous appâtait avec des bonbons. J'avais entre 6 et 9 ans."
- "Racontez-nous, Madame."
Elle pleure. "Il faisait des attouchements, voilà. Il avait un bar avec des tabourets, il m'enlevait le bas, il me mettait nue sur le tabouret. Il me touchait le sexe avec son pénis. Cela a duré trois ans environ."
L'avocat général : "Votre émotion est encore très forte aujourd'hui."
- Pour une fille, c'est une honte. À l'époque, ma mère m'a amenée chez le docteur. Moi je disais qu'il m'avait violé mais je savais pas ce que c'était un rapport sexuel, j'étais petite. Quand le docteur a vu qu'il n'y avait pas eu de pénétration, je crois qu'elle m'a pas cru."
Me Nicolau, partie civile, se lève : "Monsieur Toro ?"
"Je vous réponds pas. Je veux pas vous répondre", dit l'octogénaire avec un grand geste du bras. "Il n'est pas jugé pour ça !", insiste son avocat, Me Béranger Tourné. Certes. Mais l'image de cet homme passant sa vie à s'adonner en cachette à ses perversions sur les gamines du village est forte. Et si c'était ce portrait-là qu'il a voulu détruire, le 3 mars 2011, en faisant feu sur Halima, en tuant son voisin et deux balayeurs, avant de se tirer dessus ? Verdict lundi soir.

http://www.midilibre.fr/2016/01/29/joachim-toro-le-pervers-de-rivesaltes,1278074.php

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