vendredi 26 février 2016

Il voulait vraiment tuer son frère

Dans les temps immémoriaux, il y avait Caïn et Abel, deux frangins qui se détestaient cordialement, ou plutôt l'un d'eux détestait l'autre au point de le tuer. Et voilà que l'histoire se répète, ici à Tarbes, avec Baïda et Jocedi. Lundi dernier, les policiers interpellent au domicile maternel le jeune homme de 23 ans qui venait de porter un coup de couteau à la gorge de son demi-frère de 18 ans (voir notre édition d'hier). Dans le box, encadré par la police, le jeune homme est d'un calme olympien. «Je suis stupéfaite par ce dossier, dira la présidente Élisabeth Gadoullet. Stupéfaite et très inquiète aussi. Car vous êtes particulièrement dangereux.» La magistrate raconte les faits tels qu'ils se sont déroulés lundi : «Vous avez attendu que votre mère rentre au domicile, vous êtes allé chercher un couteau dans la cuisine, vous vous êtes très calmement dirigé vers votre petit frère et vous l'avez frappé froidement en visant la gorge. Vous vouliez vraiment le tuer ?».
La réponse est calme, nette, aussi précise que brève : «Oui». Un moment de flottement s'installe dans le prétoire : «Vous regrettez votre geste ?». Là encore, calme absolu : «Non, il l'avait mérité. Il ne respecte rien ni personne. Je ne le supporte plus. Il ne fait que des conneries et ma mère le défend sans arrêt». La magistrate relève «qu'en fait, ce que vous reprochez à votre frère, toute la famille vous le reproche, à vous». En effet, depuis son cuisant échec en sport-études de foot, Baïda ne fait plus grand-chose, mais exige beaucoup : qu'on lui paie ses clopes, ses fringues de luxe, ses sorties… Et pour une veste de survêtement empruntée sans sa permission, il plante le petit frère, avec un certain sens du théâtre : «J'ai attendu que ma mère revienne pour qu'elle voie bien que je n'ai pas de lien de parenté avec lui, sauf par elle. Je veux qu'ils changent de nom, c'est le nom de mon père, c'est le mien ! Je suis un homme !». La présidente hausse le ton : «Qu'est-ce que vous faites à ne rien faire chez votre mère alors ? Assumez-vous !».
La mère va dresser un portrait édifiant de son fils, à tel point que le ministère public va se retrouver à cours d'arguments : «Après un réquisitoire maternel pareil, je n'ai plus grand-chose à dire, si ce n'est qu'il vit aux crochets de son entourage et fait preuve d'une dangerosité inquiétante, avec ces envies meurtrières». La défense interprète son geste «comme un appel au secours, pour prouver qu'il existe au sein de la famille».
Le tribunal va suivre les réquisitions à la lettre «parce que les faits sont extrêmement graves et qu'il s'en est fallu de très peu pour qu'on se retrouve aux assises» : 18 mois de prison, dont 12 mois avec sursis, mise à l'épreuve pendant 2 ans ; obligation de soins psychologiques, obligation de travail et interdiction de rencontrer la victime.

http://www.ladepeche.fr/article/2016/02/26/2284367-voulait-vraiment-tuer-frere-gilles-collegue-ami-durant-vingt-ans.html

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