mercredi 24 février 2016

«Je n'ai jamais étranglé ma femme»

Devant la cour d'assises de Toulouse, le discours de Michel Rigal, 74 ans, peut paraître froid. Accusé du meurtre de sa femme, Rose-Marie, 72 ans, en mai 2013 à Castelmaurou, Michel est interrogé sur leurs 49 ans de vie commune. L'homme semble en difficulté pour se remémorer des jours heureux. «Je l'ai aimé jusqu'à sa maladie». Un cancer autour des années quatre-vingt, une faille, un séisme qui semble avoir effacé les souvenirs du vieil homme. Seuls sont évoqués «les coups de gueule» et les disputes. «Elle est devenue dépressive et cela lui arrivait de me frapper», affirme Michel. Dans cette maison sans berceau tous les meubles se souviennent «d'une coupure franche» dans le couple. Mais Michel Rigal est formel, jamais il n'a été violent à l'égard de sa femme contrairement aux déclarations de quelques témoins. «Elle était parfois coléreuse. Dans ces moments je tournais les talons». Tyran domestique ou homme soumis ? Comme souvent la vérité doit se situer au milieu. Loin des vieux amants de Jacques Brel, le couple avait pris l'habitude de cohabiter l'un à côté de l'autre sans véritablement vivre ensemble. Michel au premier étage, Rose Marie au rez-de-chaussée. D'un côté, un homme qui souffre de l'autorité de sa femme, de l'autre une compagne qui ne supporte plus l'infidélité de son mari. Coureur de jupons, Michel ? «J'allais chercher de la tendresse», reconnaît-il.
Alors que s'est-il passé ce vendredi 17 mai 2013 dans la maison du couple ? Devant ses juges, Michel Rigal maintient avoir trouvé le corps de son épouse sans vie en bas des escaliers. «Quand je l'ai trouvé, j'ai regardé si elle respirait encore et j'ai immédiatement appelé les pompiers». Pourtant face à un enquêteur, hors procédure, et face au juge d'instruction, Michel a fait «des aveux très circonstanciés», rappelle le président Roussel (1). «Je n'ai dit que des bêtises, j'étais à bout, harcelé. Les gendarmes me répétaient : il faut avouer ! il faut avouer». Problème, pour l'avocat général Sénat, ces aveux «concordent parfaitement avec les constatations médico-légales».
Déterminés à prouver le contraire, la défense, Me Martial et Me Marty, s'agace. De ces expertises, magistrats et jurés tirent un enseignement : la fracture chez Rose-Marie de l'os hyoïde et du cartilage thyroïde, tous deux situés au niveau du cou. Pour les experts, ces constatations sont «compatibles avec une asphyxie par strangulation». «Hypothèse seulement compatible», soutiennent les avocats de la défense. Dans le box, Michel Rigal est formel. «Je n'ai jamais étranglé ma femme».
Aujourd'hui, avocats des parties civiles, avocat général et avocats de la défense, plaident. Verdict ce soir. Quatre hommes et deux femmes, plus trois magistrats décideront, selon leur «intime conviction», de l'avenir de Miche Rigal.

http://www.ladepeche.fr/article/2016/02/24/2283519-je-n-ai-jamais-etrangle-ma-femme.html

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